Ătes-vous prĂȘt Ă vous replonger dans les annĂ©es 90 ? Imaginez la situation : Vous fermez la lourde porte sĂ©curisĂ©e derriĂšre vous, vous vous enfoncez dans le luxueux siĂšge du conducteur, vous enclenchez le sĂ©lecteur de vitesse, vous tournez le volant prĂšs de quatre fois avant de vous engager doucement sur lâautoroute Dmitrovskoye. Ce nâest pas seulement une voiture, câest une expĂ©rience qui rappelle une Ă©poque rĂ©volue. Voici la Lincoln Town Car et la Cadillac Fleetwood Brougham, deux titans du luxe automobile amĂ©ricain des annĂ©es 1990, qui font lâobjet dâune comparaison inĂ©dite.
Les dĂ©buts du Fleetwood en 1993 ont Ă©tĂ© tout simplement Ă©blouissants. Des accents chromĂ©s et des mĂ©daillons emblĂ©matiques ornent son extĂ©rieur imposant. Des garnitures brillantes, fabriquĂ©es en mĂ©tal poli, ornent les seuils et les ailes, et mĂȘme les pare-chocs. Pour 1 600 dollars de plus, vous pouviez opter pour des jantes chromĂ©es, et pour 925 dollars supplĂ©mentaires, un toit en vinyle complĂ©tait le look.
La Fleetwood Brougham incarnait lâessence mĂȘme de Cadillac. PrĂ©sentĂ©e Ă lâoccasion du 90e anniversaire de la marque, elle affichait une longueur supĂ©rieure de 10 cm Ă celle de son prĂ©dĂ©cesseur, tout en conservant son cadre classique. Ce modĂšle a mĂȘme servi de base Ă la limousine officielle du prĂ©sident Bill Clinton. Cependant, malgrĂ© sa grandeur, elle a eu du mal Ă rivaliser avec des marques comme Mercedes et Lexus. Fin 1996, General Motors a cessĂ© de produire la Fleetwood, marquant ainsi la fin dâune Ăšre pour la berline Ă carrosserie sur chĂąssis et Ă propulsion arriĂšre.
Tout comme le Titanic, le Fleetwood sâest Ă©teint avant dâavoir pu vĂ©ritablement briller. ĂquipĂ© dâun nouveau moteur de 5,7 litres dĂ©veloppant 264 chevaux et dâune transmission amĂ©liorĂ©e en 1994, câest un vĂ©ritable concentrĂ© de puissance sur la route. Notre vĂ©hicule dâessai, le dernier modĂšle de 1996, reprĂ©sentait lâapogĂ©e de son Ă©volution.
Les dĂ©tails chromĂ©s sont un lourd fardeau pour tout propriĂ©taire de voiture rĂ©tro. Sur la Cadillac, ils se trouvent aux endroits les plus âsablĂ©sâ. Il faut soit commander des panneaux de remplacement aux Ătats-Unis, soit rechromer les anciens Ă des prix astronomiques.
Parcourir la longueur du Fleetwood revient Ă traverser un pĂątĂ© de maisons. Câest une voiture gigantesque qui demande de lâattention Ă chaque virage. De son long capot inclinĂ© Ă son arriĂšre dâinspiration rĂ©tro, câest comme si deux vĂ©hicules distincts avaient Ă©tĂ© fusionnĂ©s en un seul. Il ne sâagit pas dâune berline ordinaire, mais dâune dĂ©claration, dâun tĂ©moignage de lâingĂ©niositĂ© automobile amĂ©ricaine.
LâemblĂšme avec les âcanardsâ est Ă©galement passĂ© Ă lâhistoire. En 2000, les oiseaux ont disparu de lâemblĂšme (six cygnes sur des panneaux jaunes), et en 2014, la couronne a fait de mĂȘme.
La calligraphie brillante sur la carrosserie nâest que le âkit de dĂ©marrageâ dâune Cadillac. Moyennant un supplĂ©ment, il est possible dâobtenir des emblĂšmes et des inscriptions recouverts dâor 24 carats, et mĂȘme une clĂ© de contact plaquĂ©e or.
Construit sur la vĂ©nĂ©rable plate-forme D-body de GM, le Fleetwood conserve son cadre traditionnel et son essieu arriĂšre rigide, auxquels sâajoutent des Ă©lĂ©ments pneumatiques pour plus de confort et de stabilitĂ©.
Les dimensions dâune Cadillac ne se limitent pas Ă la longueur du capot, Ă la largeur du canapĂ© et Ă la hauteur de la face avant. LâexpĂ©rience de conduite nâest pas loin de lâaspect visuel â le volant fait 3,5 tours dâune butĂ©e Ă lâautre. Mais pourquoi, dans une voiture aussi grande, nây avait-il pas assez de place pour un repose-pieds pour le pied gauche ?
Alors que les autres constructeurs cherchent Ă amĂ©liorer lâaĂ©rodynamisme, Cadillac conserve son design emblĂ©matique, comme en tĂ©moignent la courbe distinctive de la portiĂšre ouverte et le profil Ă©lancĂ© avec un coefficient de traĂźnĂ©e de 0,36.
La concision est la sĆur de lâinformation ? Vitesse, kilomĂ©trage et rĂ©serve de carburant â tout ce quâun conducteur doit savoir. Plus quelques lampes de signalisation.
Ă lâintĂ©rieur, le Fleetwood respire lâopulence Ă tous les niveaux. La poignĂ©e de la porte ressemble Ă celle dâune mallette de diplomate, tandis que les somptueux siĂšges en forme de canapĂ© Ă©voquent le salon dâune villa texane. MalgrĂ© sa prĂ©sence imposante sur la route, la position dâassise reste Ă©tonnamment basse, offrant une perspective unique qui vous invite Ă savourer le voyage qui vous attend.
LâintĂ©rieur en cuir a nĂ©cessitĂ© un paiement supplĂ©mentaire de 570 $, mais le demi-coussin divisĂ© avec un ensemble complet de rĂ©glages Ă©lectriques fait partie de lâĂ©quipement de sĂ©rie. Avec lâaccoudoir relevĂ©, il peut accueillir trois personnes (lâairbag passager couvre les deux siĂšges de droite). Lâhistoire des berlines GM Ă six places ne sâest achevĂ©e quâen 2011 sur le modĂšle Chevrolet Impala.
LâintĂ©rieur du Fleetwood, bien que prĂ©sentant des signes dâusure, a Ă©tĂ© mĂ©ticuleusement restaurĂ© pour retrouver sa splendeur dâantan. ParĂ© de cuir noir, de canapĂ©s matelassĂ©s, dâaccents chromĂ©s et dâinserts en bois, il dĂ©gage une impression dâĂ©lĂ©gance intemporelle. Le vaste tableau de bord, autrefois revĂȘtu de cuir avec lâinscription âCadillacâ en relief, est dĂ©sormais recouvert dâAlcantara. Il convient de noter que lâarchitecture âmeubleâ de la Model 3 de Tesla rappelle lâagencement traditionnel de lâhabitacle amĂ©ricain, oĂč le conducteur occupe une position proche de celle dâun bureau.
Ce canapĂ© est si tentant rien que par son apparence. Mais la chose la plus confortable Ă faire ici est de sâasseoir et de profiter de lâatmosphĂšre et de la douceur exceptionnelle de la conduite de la Cadillac.
Mesurant cinq mĂštres et soixante-dix centimĂštres de long, le Fleetwood dĂ©passe mĂȘme la Classe S Ă empattement long en termes de taille. Cependant, malgrĂ© ses dimensions gĂ©nĂ©reuses, les passagers arriĂšre sont accueillis dans des conditions loin du niveau de confort offert par les berlines exĂ©cutives europĂ©ennes et japonaises de lâĂ©poque. Avec un rĂ©glage minimal des siĂšges et aucune option de divertissement, les passagers doivent se prĂ©lasser dans le canapĂ© en peluche dans la pĂ©nombre, masquĂ©e par les larges montants du toit. Les brochures de Cadillac soulignaient que les concurrents tels que Mercedes, BMW et Lexus ne jouaient pas dans la mĂȘme catĂ©gorie que la Fleetwood, la Lincoln Town Car Ă©tant sa seule rivale extĂ©rieure.
La plupart des boutons de rĂ©glage des siĂšges et des manettes sont situĂ©s sur la porte. Et bien sĂ»r, ils sont tous recouverts dâune imitation de chrome.
Le temps a une façon de rĂ©vĂ©ler lâironie. Le design de la Lincoln Town Car est restĂ© pratiquement inchangĂ© depuis 1980, avec son capot et son coffre caractĂ©ristiques, le profil Ă©levĂ© de lâhabitacle, les roues Ă turbine, lâimposante calandre et lâĂ©troitesse du montant de la lunette arriĂšre. MĂȘme si le design automobile a Ă©voluĂ©, Lincoln est restĂ© fidĂšle Ă ces codes de conception durables. Trois dĂ©cennies plus tard, juxtaposĂ©e Ă lâesthĂ©tique plus contemporaine de Cadillac, la Lincoln Town Car dĂ©gage une allure intemporelle, Ă lâimage dâun temple ancien qui aurait rĂ©sistĂ© Ă lâĂ©preuve du temps.
Les siĂšges avant chauffants et le rĂ©glage du soutien lombaire font partie de lâĂ©quipement de sĂ©rie de la version Brougham.
Cependant, les perceptions changent rapidement une fois que vous montez Ă bord de la Lincoln Town Car. Si lâintĂ©rieur de la Cadillac Ă©voque une villa ancienne, celui de la Town Car⊠Peut-on lâassimiler Ă un quartier Ă©clairĂ© par des feux rouges ?
En rĂ©alitĂ©, lâintĂ©rieur bordeaux rend hommage aux traditions thĂ©Ăątrales. Vous ĂȘtes-vous dĂ©jĂ demandĂ© pourquoi les siĂšges des auditoriums sont souvent recouverts de rouge ? Câest parce que le rouge est la derniĂšre couleur que nous perdons de vue dans lâobscuritĂ©. Les berlines Lincoln datant des annĂ©es 1960 cherchaient Ă reproduire lâambiance des grandes salles dâopĂ©ra, en proposant en option une sellerie en velours dâun riche rouge groseille qui Ă©tait presque autant apprĂ©ciĂ© que le cuir.
Le seul levier au volant est surchargĂ© comme sur les Mercedes. Les feux sâallument en tirant la tige vers soi, et le Twilight Sentinel est le mode âautoâ de Cadillac liĂ© au capteur de lumiĂšre.
En pĂ©nĂ©trant Ă lâintĂ©rieur, vous nâentrez pas dans lâhabitacle dâune voiture, mais plutĂŽt dans une salle de cinĂ©ma. Toutefois, ce cĂŽtĂ© spectaculaire ne se traduit pas nĂ©cessairement par le confort et la praticitĂ©. Lâespace entourant le canapĂ© arriĂšre est Ă la fois plus bas et plus Ă©troit que dans le Fleetwood, et il nây a pas dâautres amĂ©nagements que des emblĂšmes brodĂ©s. De maniĂšre surprenante, lâespace pour les jambes est lĂ©gĂšrement plus important que dans la Cadillac, bien que lâempattement de la Lincoln soit plus court de prĂšs de 11 cm. Cela est principalement dĂ» aux mouvements trĂšs limitĂ©s des siĂšges avant. La plage de rĂ©glage des siĂšges est si restreinte que les conducteurs de grande taille se retrouvent inconfortablement prĂšs des pĂ©dales, tandis que les conducteurs de petite taille doivent sâĂ©tirer pour les atteindre.
Les serrures des ceintures de sĂ©curitĂ© sont une vĂ©ritable Ćuvre dâart. La Cadillac est Ă©quipĂ©e de deux enrouleurs Ă inertie et la languette de la courroie est fixĂ©e en place.
En outre, le volant fin et les instruments dĂ©suets rappellent le XIXe siĂšcle. Alors que la Town Car 1989 introduisait un panneau numĂ©rique fluorescent, les modĂšles de base Ă©taient Ă©quipĂ©s de compteurs de vitesse analogiques dâĂ©poque. Câest comme si le fait de monter dans cette voiture aprĂšs la Cadillac vous propulsait dans une distorsion temporelle dâau moins une dĂ©cennie. Si les badauds considĂšrent la Lincoln comme un classique intemporel, le conducteur, lui, ne peut sâempĂȘcher de se sentir transportĂ© Ă lâĂ©poque des carrosses antiques.
Les pneus 235/70 R15 contribuent de maniĂšre dĂ©terminante Ă la douceur de la conduite. Mais aussi Ă la manipulation. Une partie de la garniture chromĂ©e autour de lâaile arriĂšre est enlevĂ©e pour faciliter le remplacement des pneus.
Cependant, la Town Car et la Fleetwood, malgrĂ© leur apparence extĂ©rieure, sont conçues pour le conducteur. Elles appartiennent Ă la catĂ©gorie des voitures de tourisme, câest-Ă -dire quâelles sont destinĂ©es Ă des propriĂ©taires qui nâhĂ©sitent pas Ă prendre le volant eux-mĂȘmes. Câest dans cet esprit que Yaroslav Tsyplyenkov et moi-mĂȘme nous sommes lancĂ©s dans un test de conduite complet de ces vĂ©hicules, avec peu de marge de manĆuvre compte tenu de leur Ăąge. Et nous nâavons pas Ă©tĂ© déçus.
Les proportions des phares et de la calandre sont des classiques intemporels. GrĂące Ă son apparence et Ă son chĂąssis, la Town Car a Ă©tĂ© largement importĂ©e en Russie et dans dâautres pays post-soviĂ©tiques pour la location de limousines. Contrairement Ă la Cadillac, il est donc beaucoup plus facile de trouver des piĂšces de rechange pour la Lincoln.
En raison de leur construction et de leur Ă©tat, ces voitures prĂ©sentent un mĂ©lange fascinant et Ă©clectique de caractĂ©ristiques de conduite disparates et parfois contradictoires. Dans un vĂ©hicule moderne, ces caractĂ©ristiques seraient idĂ©alement intĂ©grĂ©es de maniĂšre transparente dans une expĂ©rience de conduite cohĂ©rente, mais la Cadillac et la Lincoln donnent lâimpression de se prĂ©senter au conducteur sur une planche Ă dĂ©couper.
LâemblĂšme Lincoln est plus modeste, tout comme lâensemble de la dĂ©coration de la carrosserie.
Prenons lâexemple de lâaccĂ©lĂ©ration sans retour dâinformation. Câest prĂ©cisĂ©ment ainsi que se comporte le Fleetwood. Lâenfoncement de la pĂ©dale dâaccĂ©lĂ©rateur nĂ©cessite une pression importante. En rĂ©ponse, la Cadillac sâĂ©loigne doucement, et avec une pression supplĂ©mentaire, elle sâĂ©lance vers lâavant. Cependant, il y a peu de contrĂŽle sur ce processus au fur et Ă mesure quâil se dĂ©roule. En lâabsence de tachymĂštre ou dâindicateur de vitesse, mĂȘme lâĂ©valuation des changements de vitesse au toucher sâavĂšre difficile, car la transmission automatique Ă quatre vitesses fonctionne de maniĂšre exceptionnellement souple. Cette conception est conçue pour que le conducteur nâait pas Ă se prĂ©occuper de ces dĂ©tails : il suffit dâappuyer sur la pĂ©dale et dâattendre lâexĂ©cution transparente des actions.
Les ailes, les chromes et lâĂ©lectronique en Ă©tat de marche sont exempts de corrosion â un ensemble rare pour une Lincoln en bonne santĂ©.
Pourtant, les capacitĂ©s dâaccĂ©lĂ©ration maximale du Fleetwood sont tout Ă fait remarquables. Le moteur V8 LT1 de 5,7 litres ronronne avec richesse et ne manque jamais de puissance, avec 264 chevaux et un couple impressionnant de 447 newton-mĂštres. Pour la version Brougham, un rapport dâengrenage principal âraccourciâ de 2,93 a Ă©tĂ© spĂ©cifiquement installĂ© sur le Fleetwood, en remplacement du rapport standard de 2,56.
Les jantes Ă motif âturbineâ sont la signature de Lincoln depuis les annĂ©es 70. Les moyeux sont recouverts dâenjoliveurs dĂ©coratifs en imitation.
LâaccĂ©lĂ©ration jusquâau premier cent prend 10,9 secondes, le moteur semblant hĂ©siter au dĂ©part. Cependant, une fois quâelle se met en marche, lâattraction est si forte quâelle en est presque intimidante. Au fur et Ă mesure que le compteur Ă©lectronique augmente, atteignant cent soixante-dix, cent quatre-vingts et plus, la Cadillac maintient le cap, bien quâavec quelques secousses perceptibles Ă plein rĂ©gime.
Une petite poignĂ©e permet dâallumer les feux de route et les feux de croisement.
Les valeurs continuent Ă augmenter jusquâĂ ce quâelles atteignent un point oĂč, sur lâĂ©cran numĂ©rique de la Fleetwood, il apparaĂźt que le chiffre nâest tout simplement pas encodĂ©, ce qui entraĂźne une ârĂ©initialisationâ des relevĂ©s aprĂšs 200 km/h. LâaccĂ©lĂ©ration ne sâarrĂȘte pas pour autant, passant rĂ©guliĂšrement la barre des 200 km/h. Andrey Mokhov a enregistrĂ© une vitesse maximale de 209,5 km/h avant que je ne relĂąche lâaccĂ©lĂ©rateur, conscient du poids important de la voiture (deux tonnes) et des freins arriĂšre Ă tambour qui nâavaient probablement pas connu de telles vitesses depuis un certain temps.
Les annĂ©es 90 Ă lâextĂ©rieur, les annĂ©es 80 Ă lâintĂ©rieur. Le volant fin et les instruments anciens donnent un coup de vieux Ă la Lincoln. Mais avec le velours bordeaux, on peut pardonner beaucoup de choses. De plus, la Town Car offre un volant avec des boutons de rĂ©gulation de vitesse, ce dont la Cadillac Ă©tait fondamentalement dĂ©pourvue.
De maniĂšre surprenante, les freins de la Fleetwood fonctionnent admirablement bien. Le retour dâinformation de la pĂ©dale est rassurant : elle offre une rĂ©sistance aprĂšs un lĂ©ger jeu, ce qui permet un contrĂŽle prĂ©cis de la dĂ©cĂ©lĂ©ration. Nous nâavons toutefois pas mesurĂ© la distance de freinage, car lâABS semblait avoir pris un jour de congĂ©, comme tous les autres systĂšmes Ă©lectroniques de la voiture, y compris lâantipatinage, qui fait partie de lâĂ©quipement de sĂ©rie.
La banquette avant de la Lincoln est Ă©galement conçue pour trois personnes, et le profil est ici mieux adaptĂ© Ă ce type de siĂšges. Mais lâairbag passager Ă©tait en option sur le modĂšle 1991.
Passons maintenant Ă la Lincoln Town Car, un vĂ©hicule qui se caractĂ©rise par sa rĂ©activitĂ© mais qui manque quelque peu dâaccĂ©lĂ©ration. En 1990, elle reçoit un nouveau moteur V8 4.6 Ă soupapes âmodulaireâ, dĂ©veloppant 193 chevaux, ce qui constitue une amĂ©lioration par rapport Ă son prĂ©dĂ©cesseur. Comme dans le Fleetwood, il nây a pas de tachymĂštre ni dâindicateur de vitesse, et la transmission automatique fonctionne en douceur. ComparĂ©e Ă la Cadillac, la Town Car se comporte presque comme une voiture Ă hayon âchaudeâ, rĂ©agissant promptement Ă chaque pression sur lâaccĂ©lĂ©rateur. Cependant, ses performances en matiĂšre dâaccĂ©lĂ©ration ne sont pas Ă la hauteur, puisquâil lui faut 11,3 secondes pour atteindre le âcentâ. Au-delĂ de cette limite, lâaccĂ©lĂ©ration est tendue, atteignant un maximum de 136 km/h avant dâĂȘtre bridĂ©e. Mokhov a notĂ© une vitesse maximale de 168 km/h.
Vous nâallez pas au cinĂ©ma tous les jours, et lâintĂ©rieur rouge de la Lincoln nâest pas non plus trĂšs adaptĂ© Ă la vie quotidienne. Mais au moins une fois dans votre vie, vous devez vous asseoir ici et rouler comme si vous alliez Ă la premiĂšre de votre propre comĂ©die musicale.
Les deux voitures peuvent sembler Ă©quivalentes Ă trois cents pour le conducteur, mais la Town Car reprĂ©sente un dĂ©fi pour la conduite en ligne droite. Des corrections constantes sont nĂ©cessaires, exacerbĂ©es par le jeu du volant. Il nây a pas de position zĂ©ro claire â la roue oscille entre deux positions âde travailâ, aucune ne correspondant Ă un mouvement en ligne droite. Des corrections sont nĂ©cessaires Ă nâimporte quelle vitesse, ce qui est compliquĂ© par la tendance de la Lincoln Ă se diriger doucement vers la droite mais brusquement vers la gauche, le volant ne revenant pas de lui-mĂȘme au centre. Il sâagit dâun vĂ©ritable test de bravoure, mĂȘme sâil est peu probable quâil soit intentionnel de la part de Ford.
Lincoln complĂšte lâensemble des informations minimales par une jauge de tempĂ©rature du liquide de refroidissement. Mais le compteur de vitesse Ă lâancienne ne correspond pas aux capacitĂ©s du ânouveauâ moteur 4.6.
Ce nâest quâĂ partir de 100 km/h que lâon peut se dĂ©tendre un peu, bien que des corrections soient encore nĂ©cessaires, mais de maniĂšre moins urgente. Cela reflĂšte le style tranquille de la Town Car â rythme doux, ronronnement subtil du moteur, changements de vitesse sans Ă -coups, une main sur le volant, lâautre drapĂ©e sur le dossier de la banquette avant. Elle incarne lâessence mĂȘme dâune âvoiture de villeâ, et non dâune voiture de course.
Le panneau de commande du siÚge électrique de la moitié conducteur de la banquette se trouve à cÎté des commutateurs des vitres électriques, mais le dossier de la Lincoln est réglable manuellement.
En revanche, la Lincoln excelle au freinage, avec un pĂ©dalier moderne et mĂȘme supĂ©rieur Ă celui de la Fleetwood. En outre, elle prend mieux les virages que la Cadillac. Le Fleetwood, en revanche, a tendance Ă sâĂ©garer. Bien que son volant ne prĂ©sente pas de jeu, il semble quelque peu vide Ă zĂ©ro, ce qui incite Ă un balancement inconscient. Pourtant, en forçant lâimmobilitĂ©, on sâaperçoit que la voiture ne fait que sâĂ©carter lĂ©gĂšrement de sa trajectoire sans changer de direction.
Les ceintures de sécurité à inertie, comme dans la Cadillac, ne sont prévues que pour quatre passagers.
Dans les virages, la rĂ©action tardive de la direction du Fleetwood est prononcĂ©e. Bien quâelle tourne le volant et rencontre une rĂ©sistance, la voiture persiste dans sa trajectoire vers lâavant. Lorsquâil finit par rĂ©agir, il se penche dâabord avant de dĂ©pendre largement de la vitesse pour sa manĆuvrabilitĂ©. Ă faible vitesse, il tourne calmement, mais si la vitesse est excessive, les efforts de braquage ne se traduisent que par des crissements de pneus. Le fait de tourner continuellement les roues nâapporte pas grand-chose, si ce nâest une dĂ©rive. Pour rĂ©orienter la voiture vers lâintĂ©rieur, il faut relĂącher lâaccĂ©lĂ©rateur et attendre que le Fleetwood soit prĂȘt Ă tourner.
Un grand levier commande les clignotants, les essuie-glaces et les feux de route. Le petit sert Ă rĂ©gler lâinclinaison du volant.
En revanche, Lincoln fait preuve dâagilitĂ© grĂące Ă son large rayon de braquage, proche de celui de la Cadillac. En dĂ©pit dâun roulis similaire et dâun volant peu informatif, la Town Car prĂ©sente un sous-virage minimal lorsque le volant est tournĂ©, avec une transition en douceur vers une trajectoire plus raide. En levant le pied de lâaccĂ©lĂ©rateur, le vĂ©hicule plonge et glisse de maniĂšre perceptible, laissant entrevoir une expĂ©rience de conduite plus dynamique, si ce nâest sa douceur de roulement.
Les deux âfers Ă repasserâ bougent Ă©troitement et avec une prĂ©cision approximative ; mĂȘme les indicateurs mĂ©caniques de la position sĂ©lectionnĂ©e nâaident pas toujours Ă dĂ©terminer oĂč le levier a atterri.
ĂquipĂ©e de ressorts Ă lâavant et de ballons pneumatiques Ă lâarriĂšre, la suspension de la Town Car a du mal Ă sâadapter Ă des routes autres que micro-profilĂ©es. Les irrĂ©gularitĂ©s moyennes Ă grandes entraĂźnent des secousses et des cliquetis, tandis que les dos dâĂąne mettent en Ă©vidence la rigiditĂ© de la âsuspension pneumatiqueâ par rapport aux ressorts. Les longues vagues provoquent des balancements, aggravĂ©s par des embardĂ©es dans les virages, ce qui finit par diminuer lâattrait de la voiture en termes de maniabilitĂ©.
Les panneaux de contrĂŽle de la climatisation des deux voitures sont dotĂ©s de modes automatiques mais ne permettent pas de rĂ©gler manuellement la distribution du flux dâair.
En revanche, la Cadillac Ă©tablit une norme Ă©levĂ©e en matiĂšre de douceur de roulement, rivalisant avec peu de voitures modernes. Les micro-profils et les ondes courtes sont Ă peine perceptibles, amortis par une lĂ©gĂšre poussĂ©e et une modeste vibration des masses non suspendues. Il franchit les dos dâĂąne avec aisance, en se balançant lĂ©gĂšrement, tandis que les vagues de la carrosserie le dĂ©stabilisent Ă peine. MĂȘme sur les chemins de terre, la Cadillac reste remarquablement calme, confirmant son statut de voiture la plus confortable que nous ayons testĂ©e depuis des annĂ©es.
Traditionnellement chez Lincoln, la fenĂȘtre situĂ©e dans le pilier arriĂšre de la carrosserie est appelĂ©e âfenĂȘtre dâopĂ©raâ, hĂ©ritĂ©e des limousines dont les siĂšges âopĂ©raâ se rabattent pour accueillir des passagers supplĂ©mentaires. Mais la Town Car a perdu cette fenĂȘtre dĂšs 1997.
En effet, Cadillac et Lincoln incarnent le charisme, la tradition et la contradiction, offrant un aperçu de lâĂ©volution des voitures modernes des annĂ©es 1990 aux annĂ©es 2020. Si les voitures modernes ont gagnĂ© en maniabilitĂ© et en intĂ©gritĂ© structurelle, elles ont sacrifiĂ© lâesprit du design et la souplesse de conduite qui caractĂ©risent ces classiques.
En novembre 1990, Lincoln a reçu le moteur modulaire 4.6 Ă injection rĂ©partie. Ford a investi 750 millions de dollars dans cette architecture et utilise toujours des moteurs âmodulairesâ dans les Mustangs. Ces moteurs ont Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©s par Rover, Panoz et mĂȘme Koenigsegg. Cadillac a utilisĂ© le âhuitâ LT1 Ă montage par le bas, basĂ© sur le moteur de la Corvette â la derniĂšre gĂ©nĂ©ration de la lĂ©gendaire famille des petits blocs.
Sâil est vrai que les grandes berlines amĂ©ricaines Ă chĂąssis ont officiellement disparu, leur hĂ©ritage perdure. Au volant de la Cadillac, on ne peut se dĂ©faire de lâimpression de piloter un grand SUV dĂ©guisĂ© en berline. En effet, les SUV modernes peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme les successeurs spirituels du Fleetwood et de la Town Car. Ce nâest pas un hasard si, aprĂšs lâarrĂȘt de la production de Cadillac, lâusine texane dâArlington sâest concentrĂ©e sur lâEscalade et le Suburban.
Les coffres infinis rivalisent en termes de commoditĂ© de chargement et dâirrĂ©gularitĂ© du plancher. Lincoln promet 631 litres dâespace utilisable, Cadillac â 588 litres. Dans les deux cas, le couvercle est Ă©quipĂ© dâune assistance Ă la fermeture. Le goulot de remplissage du Fleetwood est situĂ© sous la plaque dâimmatriculation arriĂšre.
Si vous abordez le Fleetwood dâaujourdâhui comme vous le feriez avec un grand SUV, vous constaterez quâĂ bien des Ă©gards, il reste dâactualitĂ©. Câest un concept qui dĂ©passe les capacitĂ©s de Lincoln ; pour la Town Car, ce nâest rien de plus quâune relique rĂ©servĂ©e aux sorties du week-end.
Dans la version de base de la Town Car 4.6, qui dĂ©veloppait 193 chevaux, le moteur nâavait quâun seul tuyau dâĂ©chappement. Avec le systĂšme dâĂ©chappement divisĂ© en option, le moteur dĂ©veloppait 213 chevaux. Mais les deux tuyaux ont Ă©tĂ© installĂ©s sur cette Lincoln dĂ©jĂ aprĂšs la vente. Mais sous le capot, il y a dĂ©jĂ un moteur Ă soupapes âmodulaireâ modernisĂ©, qui a commencĂ© Ă ĂȘtre installĂ© sur la Town Car en novembre 1990.
Or, câest prĂ©cisĂ©ment ce Ă quoi il excelle. La Town Car et la Fleetwood vivent avec leurs propriĂ©taires comme des vĂ©hicules de nostalgie, servant de âbalade Titanicâ sur la plateforme autobnb.ru, qui fonctionne comme lâĂ©quivalent automobile des agrĂ©gateurs de location de logements les plus populaires.
Si les voitures de sport et de performance dominent le marchĂ© de la location, je pense que commencer par Cadillac et Lincoln offre une occasion unique de se plonger dans lâhistoire de lâautomobile et de retracer la trajectoire du progrĂšs automobile au cours des cinq derniĂšres dĂ©cennies.
Dimensions, poids* et répartition du poids selon les axes
Les donnĂ©es des fabricants sont surlignĂ©es en bleu/les mesures dâAutoreview sont surlignĂ©es en noir. Les dimensions sont en millimĂštres.
*Poids réel du véhicule sans conducteur, avec le plein de carburant et de fluides de traitement.
**Pour le siĂšge arriĂšre droit
**Largeur intérieure au niveau des épaules dans la premiÚre/deuxiÚme rangée de siÚges.
ParamĂštres | Cadillac Fleetwood Brougham | Lincoln Town Car |
---|---|---|
Vitesse maximale (km/h) | 209.5 | 168 |
Temps dâaccĂ©lĂ©ration (s) 0-50 km/h 0-100 km/h 400 m Chemin 60-100 km/h (D) 80-120 km/h (D) | 4.5 10.9 17.9 5.6 7 | 4.5 11.3 18.2 6 7.9 |
Quelques résultats de mesure Autoreview
ParamĂštres | Cadillac Fleetwood Brougham | Lincoln Town Car |
---|---|---|
Nombre de places | 6 | 6 |
Volume du coffre (litres) | 588 | 631 |
Poids Ă vide (kg) | 2034 | 1827 |
Poids brut (kg) | 2250 | 2180 |
Moteur | Essence, avec injection centrale | Essence, avec injection répartie |
Nombre et disposition des cylindres | 8, en forme de V | 8, en forme de V |
Cylindrée, cc | 5733 | 4601 |
DiamĂštre du cylindre / Course du piston, mm | 101.6/88.4 | 90.2/90.0 |
Taux de compression | 10.0:1 | 9.0:1 |
Nombre de vannes | 16 | 16 |
Max. Puissance, hp/kW/rpm | 264/194/5000 | 193/142/4200 |
Max. Couple, Nm/tr/min | 447/3200 | 353/3200 |
Conduire | ArriĂšre | ArriĂšre |
Transmission | Automatique, Ă quatre vitesses | Automatique, Ă quatre vitesses |
Suspension avant | Indépendants, à ressorts, sur doubles triangles | Indépendants, à ressorts, sur doubles triangles |
Suspension arriĂšre | DĂ©pendante, Ă ressort, Ă quatre bras | DĂ©pendante, pneumatique, Ă quatre bras |
Mécanisme de pilotage | CrémaillÚre et pignon | CrémaillÚre et pignon |
DiamĂštre de rotation, m | 13.6 | 12.4 |
Freins avant | Disque | Disque |
Freins arriĂšre | Tambour | Disque |
Taille du pneu de base | 235/70 R15 | 215/70 R15 |
Vitesse maximale (km/h) | 173 | n/d* |
Accélération 0-100 km/h (s) | 9 | n/d |
Consommation moyenne de carburant, l/100 km | 13.1 | 13.1 |
Capacité du réservoir de carburant, l | 87 | 76 |
Carburant | Essence AI-92 | Essence AI-92 |
n/d* â pas de donnĂ©es
Le seigneur et la panthĂšre
Câest Andrey Vasilyevich Khrisanfov qui aurait pu le mieux raconter ce contexte historique, mais il est malheureusement dĂ©cĂ©dĂ© quelques jours avant lâĂ©preuve. Pourtant, il avait dĂ©jĂ rĂ©digĂ© mĂ©ticuleusement cet historique, Ă la maniĂšre dâune encyclopĂ©die entiĂšre. GrĂące Ă ses rĂ©cits dĂ©taillĂ©s sur lâhistoire des constructeurs amĂ©ricains, nous apprenons, par exemple, que la Town Car nâest pas simplement une âvoiture de villeâ, mais plutĂŽt un type de voiture hippomobile oĂč le cocher sâassoit Ă lâair libre tandis que les passagers occupent une cabine fermĂ©e sĂ©parĂ©e.
Andrey Vasilyevich sâest Ă©galement penchĂ© sur lâorigine du terme âBroughamâ, qui provient du nom de famille du lord anglais Henry Brougham. Ă la fin des annĂ©es 1830, Brougham conçoit une nouvelle carrosserie de voiture, une voiture Ă deux places dont les portes sont munies de fenĂȘtres, mais dont les cĂŽtĂ©s du canapĂ© sont recouverts de panneaux pleins. Cette conception visait Ă protĂ©ger les passagers des regards indiscrets. Il ressemblait essentiellement Ă une voiture de ville, mais sans fenĂȘtres sur les cĂŽtĂ©s. Au dĂ©but du XXe siĂšcle, General Motors a adoptĂ© ce terme pour dĂ©signer un niveau de finition luxueux pour les voitures Ă carrosserie fermĂ©e conventionnelle. Par la suite, des âbroughamsâ sont apparus chez dâautres constructeurs.
Au milieu de lâannĂ©e 1992, lâapparition de la Fleetwood nâest plus un secret : Andrey Vasilyevich Khrisanfov explique qui est qui parmi les voitures particuliĂšres sur le marchĂ© amĂ©ricain. La voiture âamĂ©ricaineâ la plus pure Ă cette Ă©poque Ă©tait le prĂ©dĂ©cesseur de la Fleetwood, la Cadillac Brougham (photo ci-dessus). Sa part de composants locaux Ă©tait de 99,7 %.
De mĂȘme, le nom âFleetwoodâ est directement liĂ© aux chevaux, puisquâil appartenait Ă la sociĂ©tĂ© fondĂ©e par Henry Fleetwood en Pennsylvanie. Au XIXe siĂšcle, Fleetwood produisait principalement des voitures et des charrettes. Dans les annĂ©es 1920, elle Ă©tait devenue un âcarrossierâ exclusif pour Cadillac avant dâĂȘtre absorbĂ©e par la sociĂ©tĂ© GM.
Les appellations âFleetwoodâ et âBroughamâ sont apparues pour la premiĂšre fois en 1977 sur une grande berline Ă propulsion arriĂšre, qui est restĂ©e en production jusquâen 1986. La Cadillac Brougham lui a ensuite succĂ©dĂ© (le nom Fleetwood ayant Ă©tĂ© attribuĂ© Ă une berline Ă traction avant). Enfin, en 1993, notre protagoniste a vu le jour : la derniĂšre Fleetwood Brougham Ă propulsion arriĂšre, prĂ©sentĂ©e comme la plus grande voiture de tourisme aux Ătats-Unis Ă lâĂ©poque.
Son extĂ©rieur sâinspire de voitures conceptuelles telles que la Voyage et la Solitaire, grĂące auxquelles Cadillac a cherchĂ© Ă rafraĂźchir son image Ă la fin des annĂ©es 1980. Cependant, en 1992, ils ont Ă©galement introduit la berline Seville STS, basĂ©e sur les mĂȘmes voitures conceptuelles, qui utilisait une plate-forme Ă traction avant plus progressive et affichait un prix similaire dâenviron 37-39 000 dollars.
Les voitures conceptuelles Voyage (1988) et le coupĂ© Solitaire (1989) promettaient Ă Cadillac une renaissance des âclassiques lourdsâ avec un visage moderne. La carrosserie aĂ©rodynamique avait un coefficient de traĂźnĂ©e de 0,28 â pour cela, les roues avant Ă©taient recouvertes de boucliers actifs qui sâĂ©tendaient vers lâextĂ©rieur dans les virages. La suspension avant utilise des jambes de force McPherson, tandis que lâarriĂšre est Ă©quipĂ© dâun ressort transversal. Lâagencement est traditionnel, mais la berline est Ă©quipĂ©e dâun moteur V8 4.5 (275 ch) et dâune transmission intĂ©grale, tandis que le coupĂ© Ă propulsion est Ă©quipĂ© dâun moteur V12 6.6 (430 ch) dĂ©veloppĂ© en collaboration avec Lotus. La vitesse maximale estimĂ©e Ă©tait de 320 km/h. Ce moteur nâa pas Ă©tĂ© produit, mais la collaboration de GM avec les Britanniques a donnĂ© naissance au LT5 âhuitâ pour la Corvette.
La Seville Ă©tait le modĂšle envisagĂ© par les responsables marketing de Cadillac pour concurrencer les berlines phares dâEurope et du Japon. Elle Ă©tait Ă©quipĂ©e de toutes les technologies les plus rĂ©centes, notamment du moteur Northstar 4.6 Ă quatre soupapes et 32 soupapes (223-305 ch) et de la suspension adaptative.
Dans les années 1990, le chùssis des berlines était déjà un vestige du passé, mais il conservait une valeur pratique : avant le boom des crossovers, les grandes berlines servaient souvent de véhicules de remorquage pour les caravanes. Par exemple, le Fleetwood équipé de la paire principale optionnelle de 3,42 au lieu de 2,56 peut tracter plus de trois tonnes. Le cadre a également facilité la production de versions commerciales, sur la base desquelles des limousines et des corbillards ont été construits.
En outre, en 1994, Cadillac a lancĂ© la DeVille Ă traction avant, ciblant prĂ©cisĂ©ment les amateurs de berlines amĂ©ricaines de grande taille. MalgrĂ© une ressemblance frappante avec la Fleetwood, la DeVille disposait dâune climatisation sĂ©parĂ©e, de boutons au volant, dâamortisseurs adaptatifs et dâun habitacle tout aussi spacieux. Ces Cadillac se sont vendues Ă un rythme de 100 Ă 120 000 unitĂ©s par an, alors que la production totale de la Fleetwood a Ă peine dĂ©passĂ© les 90 000 voitures en moins de quatre ans.
La Cadillac DeVille a Ă©galement Ă©voluĂ© Ă partir du concept Voyage, mais elle nâa pas reçu de V12 ni de transmission intĂ©grale, mais une plate-forme K-body Ă traction avant que GM utilisait depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980.
Le moteur LT1 5.7 Ă©tait dotĂ© dâun systĂšme de refroidissement âinversĂ©â (dâabord la tĂȘte, puis le bloc) et dâun distributeur dâallumage OptiSpark âoptiqueâ, qui Ă©tait rĂ©guliĂšrement inondĂ© de liquide de refroidissement par la pompe du systĂšme de refroidissement.
Plus surprenant encore, la popularitĂ© persistante de la Town Car, plus conservatrice et plus ancienne, au cours de la mĂȘme pĂ©riode. Tout au long des annĂ©es 1990, elle a constamment atteint des volumes de vente dâenviron 100 000 voitures par an. Fait remarquable, Ford a rĂ©duit les coĂ»ts de dĂ©veloppement de la nouvelle Lincoln en utilisant lâancienne plate-forme Panther du modĂšle de 1980. MalgrĂ© cela, la Town Car a prospĂ©rĂ©. LâingĂ©nierie brute de la sociĂ©tĂ© britannique IAD (absorbĂ©e plus tard par Daewoo) et la production de panneaux de carrosserie par la sociĂ©tĂ© japonaise Ogihara Iron Works ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans sa conception.
La suspension arriĂšre de la Lincoln comporte deux ballons pneumatiques alimentĂ©s par un compresseur Ă commande Ă©lectronique. Lâessieu arriĂšre est fixĂ© Ă la carrosserie par deux bras longitudinaux et deux bras diagonaux. La suspension Ă ressorts de la Cadillac est disposĂ©e de la mĂȘme maniĂšre, les ballons pneumatiques ne servant quâĂ maintenir la garde au sol.
NĂ©anmoins, les concepteurs astucieux de Ford â Jack Telnack (connu pour la berline Taurus) et Gale Heldermand (crĂ©ateur de la Mustang originale) â combinĂ©s Ă des dĂ©cisions stratĂ©giques de marketing ont Ă©tĂ© couronnĂ©s de succĂšs. La Town Car affichait un prix lĂ©gĂšrement infĂ©rieur, des freins Ă disque sur toutes les roues, un rĂ©gulateur de vitesse, une suspension adaptative et le plus grand coffre de toutes les voitures particuliĂšres sur le marchĂ© amĂ©ricain.
La dĂ©cision de GM dâarrĂȘter la production de la Fleetwood aux cĂŽtĂ©s de ses berlines Ă plate-forme partagĂ©e, la Buick Roadmaster et la Chevrolet Caprice Classic, a encore renforcĂ© la domination de la Town Car. Avec le dĂ©part de ces modĂšles, la Town Car a retrouvĂ© son statut de plus grande voiture des Ătats-Unis et a connu une reprise des ventes.
Voici Ă quoi ressemblait lâintĂ©rieur du modĂšle 1990, avec un tableau de bord Ă©lectronique et un systĂšme stĂ©rĂ©o JBL.
Ce nâest quâen 1994 que la Town Car a Ă©tĂ© dotĂ©e dâun habitacle correspondant Ă lâesprit de lâĂ©poque, avec des contours lisses sur la face avant et un volant Ă deux branches.
Ă la fin de lâannĂ©e 1994, Lincoln a fait lâobjet dâun lifting qui comprenait des mises Ă jour des phares et de lâintĂ©rieur. Fin 1997, la gĂ©nĂ©ration suivante, au design plus arrondi et sans vitres dâopĂ©ra, mais Ă©quipĂ©e dâun mĂ©canisme Watts dans la suspension arriĂšre, est apparue sur la mĂȘme plate-forme. En 2003, la plate-forme Panther a Ă©tĂ© dotĂ©e dâune direction Ă crĂ©maillĂšre. Par la suite, fin 2007, Ford a fermĂ© lâusine de Wixom dans le Michigan et a dĂ©localisĂ© la production de Lincoln au Canada, aux cĂŽtĂ©s des modĂšles Ford Crown Victoria et Mercury Grand Marquis. Câest lĂ que la derniĂšre Town Car a Ă©tĂ© assemblĂ©e en 2011.
Le rĂ©sultat du lifting de 1994 est une Town Car avec des phares Ă©troits, des rĂ©troviseurs dĂ©calĂ©s vers lâavant et une nouvelle âautomatiqueâ. Mais un collecteur dâadmission en plastique a Ă©tĂ© installĂ© sur le moteur, ce qui a causĂ© de nombreux problĂšmes aux propriĂ©taires de vieilles Lincolns.
Fait remarquable, la demande pour cette berline nâest pas descendue en dessous de 50 000 unitĂ©s par an jusquâau milieu des annĂ©es 2000. Ă titre de comparaison, en 2021, Lincoln nâa rĂ©ussi Ă vendre quâun maximum de 87 000 voitures aux Ătats-Unis.
Mais cela vaut-il la peine dâacheter de telles voitures aujourdâhui ? La Cadillac Fleetwood, plus rare, est plus intrigante en tant que piĂšce dâinvestissement dans la vĂ©ritable culture amĂ©ricaine des youngtimers. Aux Ătats-Unis, ces berlines ayant parcouru jusquâĂ 100 000 kilomĂštres coĂ»tent gĂ©nĂ©ralement environ dix mille dollars, tandis que celles ayant parcouru jusquâĂ 150 000 kilomĂštres se vendent entre cinq et sept mille dollars. Il existe des offres moins chĂšres, mais restaurer une telle voiture et lutter contre la corrosion dans nos conditions peut sâavĂ©rer une mission ardue, car de nombreuses piĂšces ne sont plus produites.
Le véhicule blindé basé sur la Fleetwood a transporté Bill Clinton de 1993 à 2001 (son prédécesseur George Bush préférait la Lincoln Town Car), et au 21e siÚcle, les Cadillac présidentielles ont été transférées sur un chùssis spécial à partir de camionnettes et de camions.
Quant Ă la Lincoln Town Car du dĂ©but des annĂ©es 90, elle est nettement moins chĂšre, puisquâelle coĂ»te jusquâĂ 3 000 dollars aux Ătats-Unis. Cependant, si le moteur est le composant le plus problĂ©matique pour la Cadillac, la Lincoln nĂ©cessite une attention particuliĂšre au niveau du systĂšme de refroidissement, de la suspension pneumatique, du cĂąblage Ă©lectrique et de nombreux Ă©lĂ©ments de la carrosserie sujets Ă la corrosion.
Photo : Dmitry Pitersky | Ford Company | GM company
Groupe dâexperts : Andrey Mokhov | Yaroslav Tsyplenkov
Il sâagit dâune traduction. Vous pouvez lire lâarticle original ici : ĐĐŸŃĐŸĐŽŃĐșОД йОŃĐ°ĐœĐžĐșĐž : ŃĐ”ŃŃĐŸŃĐ”ŃŃ ŃĐ°ĐŒĐœŃŃ
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Publié March 21, 2024 ⹠51m to read