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Supercar suisse : La Monteverdi High Speed 375L de 1970

Supercar suisse : La Monteverdi High Speed 375L de 1970

Une voiture suisse peut sembler peu conventionnelle. Les banques suisses, le fromage suisse ou les montres suisses, eux, nous sont familiers. Pourtant, il y a un siĂšcle, la Suisse Ă©tait une nation automobile au mĂȘme titre que nombre de ses voisins. Des constructeurs automobiles comme Piccard-Pictet Ă  GenĂšve, Turicum Ă  Zurich, Berna Ă  Berne, Saurer Ă  Arbon et Martini dans la province de Saint Blaise Ă©taient en pleine effervescence. MĂȘme le moins connu Zedel, nichĂ© entre Lausanne et le Besançon français, produisait des voitures, souvent tout Ă  fait respectables.

Cependant, cette diversitĂ© vibrante disparaĂźt Ă  la fin des annĂ©es 1930. Seules Saurer et Berna ont survĂ©cu, dĂ©laissant stratĂ©giquement les voitures particuliĂšres pour se concentrer sur les camions, les autobus et, plus tard, les trolleybus. La luxueuse sociĂ©tĂ© Piccard-Pictet n’a pas pu rĂ©sister Ă  la concurrence et a fermĂ© ses portes en 1924. Martini, vendue aux frĂšres Steiger la mĂȘme annĂ©e, n’a durĂ© qu’une dĂ©cennie. Zedel, cĂ©dĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© française Donnet, met fin Ă  ses activitĂ©s en 1934. Turicum a cessĂ© de produire des voitures en 1912 en raison de difficultĂ©s financiĂšres, bien qu’elle ait Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©e en tant qu’entreprise automobile jusqu’en 1925. De plus petits constructeurs comme Dufaux, Egg, Ajax et Tribelhorn ont disparu avant les annĂ©es 1920.

En effet, l’industrie automobile suisse a Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©e par la PremiĂšre Guerre mondiale, et la Grande DĂ©pression a anĂ©anti les quelques survivants; aucun constructeur de voitures particuliĂšres n’a survĂ©cu aux annĂ©es 1940. AprĂšs la guerre, la Suisse avait d’autres prioritĂ©s; il Ă©tait plus simple d’importer des voitures des puissances automobiles voisines que de les produire localement. D’oĂč l’essor des agences commerciales qui vendent des voitures Ă©trangĂšres pour tous les goĂ»ts et tous les budgets.


Les cadrans des instruments portent des lettres allemandes, mais le compteur de vitesse est graduĂ© en miles par heure plutĂŽt qu’en kilomĂštres par heure

Notre histoire commence dans une telle agence, non pas dans la capitale GenĂšve ou dans la ville industrielle de Berne, mais dans la ville universitaire et cosmopolite de BĂąle. Cette agence importait diverses marques haut de gamme, et c’est lĂ  que le fils de M. Monteverdi, Peter, a grandi. Contrairement Ă  ses camarades, Peter ne s’intĂ©resse ni Ă  l’horlogerie ni Ă  la fromagerie; il est bien dĂ©cidĂ© Ă  suivre les traces de son pĂšre.

Peter s’initie d’abord au karting, appelĂ© Ă  l’époque «karting» et considĂ©rĂ© comme un peu plus sĂ©rieux qu’une course de caisses Ă  savon en descente. L’agence de son pĂšre offrait beaucoup d’espace pour les rĂ©parations sous garantie et l’entretien rĂ©gulier, oĂč Peter jouait avec son «équipement sportif». Au dĂ©but des annĂ©es soixante, il a construit une voiture de course plus sĂ©rieuse, conforme au rĂšglement technique de la «Formule Junior». Plusieurs exemplaires ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s, chacun portant les initiales MBM – Monteverdi Basel Motoren – couronnĂ©es d’un fier emblĂšme. Bien que ces voitures aient participĂ© Ă  des Ă©preuves sportives, elles n’ont connu qu’un succĂšs limitĂ©. L’unique tentative de Peter au Grand Prix d’Allemagne en 1961 s’est soldĂ©e par un abandon prĂ©maturĂ©.

BĂąle jouit d’une situation unique, Ă  la jonction de la Suisse, de la France et de l’Allemagne, sĂ©parĂ©e par le Rhin. Au XIVe siĂšcle, la ville a Ă©tĂ© divisĂ©e en Grand et Petit BĂąle. Les habitants du Petit-BĂąle, souvent harcelĂ©s par leurs voisins plus riches, organisent encore des carnavals Ă  la fin du mois de janvier, tournant le dos – ou plus exactement l’arriĂšre – au Grand-BĂąle en signe de dĂ©fi et d’indĂ©pendance. Ces festivitĂ©s, agrĂ©mentĂ©es de costumes Ă©laborĂ©s et de symboles de guildes mĂ©diĂ©vales, s’étendent sur toute la journĂ©e et sont ponctuĂ©es de repas et de boissons.

Dans cet environnement complexe, l’agence de Peter Monteverdi a prospĂ©rĂ© dans la rĂ©gion de Binningen, attirant des clients de BĂąle et d’ailleurs. L’agence vendait une variĂ©tĂ© de voitures haut de gamme – BMW, Lancia, Bentley, et plus tard, sous l’influence de Peter, elle est devenue le premier importateur suisse de Ferrari. Au fil du temps, Peter s’est rendu compte que sa clientĂšle prĂ©fĂ©rait les vĂ©hicules Ă  grande vitesse, non seulement pour le sport, mais aussi pour franchir les cols alpins et visiter les stations balnĂ©aires de la MĂ©diterranĂ©e. Ce crĂ©neau avait rĂ©cemment Ă©tĂ© laissĂ© vacant par Facel-Vega, en France, dans des circonstances malheureuses.

Peter choisit une formule Ă©prouvĂ©e, utilisĂ©e par Jensen, Railton et Facel-Vega : combiner un chĂąssis europĂ©en avec un moteur amĂ©ricain, une stratĂ©gie qui a fait ses preuves jusqu’à ce que Facel-Vega Ă©choue aprĂšs avoir rejetĂ© les moteurs amĂ©ricains. Un accord est conclu avec Chrysler Corporation pour la fourniture de groupes motopropulseurs et d’autres composants, tandis que le designer italien Pietro Frua s’occupe de la carrosserie, l’assemblage final Ă©tant rĂ©alisĂ© Ă  Binningen. Le modĂšle rĂ©sultant, la Monteverdi High Speed 350S, a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ© au salon de l’automobile de Francfort en 1967, et les ventes ont dĂ©marrĂ© progressivement.

En 1968-1969, l’atelier de Frua avait livrĂ© onze carrosseries entiĂšrement finies, toutes Ă  deux places. Insatisfait de la qualitĂ© de fabrication, Peter change de fournisseur et s’adresse Ă  Fissore, qui produit une version rĂ©visĂ©e «2+2» appelĂ©e High Speed 375L, le modĂšle prĂ©sentĂ© ici.

Ce modĂšle prĂ©sente une face avant distincte avec quatre phares et un style plus anguleux, tout en conservant des proportions Ă©lĂ©gantes. L’exemplaire prĂ©sentĂ©, numĂ©ro d’usine 2020 de 1970, est Ă©quipĂ© du cĂ©lĂšbre moteur Chrysler Magnum 440 d’une cylindrĂ©e de 7,2 litres et d’une puissance de 375 chevaux. Au fil du temps, une version de 450 chevaux a Ă©tĂ© proposĂ©e, avec le choix entre une boĂźte manuelle Ă  quatre vitesses et une boĂźte automatique Ă  trois gammes (toutes deux de Chrysler); cette voiture est Ă©quipĂ©e de la boĂźte automatique TorqueFlite.

FidĂšle au luxe de la classe GT, la voiture est Ă©quipĂ©e de vitres Ă©lectriques, de l’air conditionnĂ©, de la direction assistĂ©e et, plus tard, d’une chaĂźne stĂ©rĂ©o Kenwood avec lecteur de CD, introduite bien aprĂšs la fabrication de la voiture.

Monteverdi avait pour objectif de produire une cinquantaine de voitures par an. Cependant, la demande a diminuĂ© en 1976, et la production de cabriolets et de berlines Ă  quatre portes s’est arrĂȘtĂ©e plus tĂŽt – seulement une trentaine de voitures ont Ă©tĂ© produites. L’entreprise s’est alors tournĂ©e vers la production de SUV basĂ©s sur des Range Rover (Monteverdi Sahara), de vĂ©hicules utilitaires (Monteverdi Safari) et, plus tard, de berlines et de cabriolets sous l’appellation Sierra et, en 1982, de Tiara, une Mercedes-Benz lĂ©gĂšrement modifiĂ©e. À la suite du dĂ©cĂšs de Peter Monteverdi le 4 juillet 1998, aprĂšs une longue maladie, l’entreprise de Binningen a fermĂ© dĂ©finitivement ses portes.

Elle abrite aujourd’hui un musĂ©e.


L’illustration tirĂ©e de la brochure de la sociĂ©tĂ© montre une premiĂšre version de la voiture avec une solution frontale fondamentalement diffĂ©rente

L’auteur remercie chaleureusement Elena Lukyanova, habitante de BĂąle, pour les informations historiques et rĂ©gionales utilisĂ©es dans cet article.

Photo : Sean Dugan, www.hymanltd.com

Il s’agit d’une traduction. Vous pouvez lire l’article original ici : ĐĄŃƒĐżĐ”Ń€Đșар Оз ĐšĐČĐ”Đčцароо : Monteverdi High Speed 375L 1970 ĐłĐŸĐŽĐ° ĐČ Ń€Đ°ŃŃĐșĐ°Đ·Đ” ĐĐœĐŽŃ€Đ”Ń Đ„Ń€ĐžŃĐ°ĐœŃ„ĐŸĐČĐ°

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