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Alfa Romeo - Derrière le volant nostalgique

Alfa Romeo - DerriĂšre le volant nostalgique

Err. Err-rr ! L’Anglais Adam n’arrive pas Ă  enclencher la deuxiĂšme vitesse de l’Alfa Romeo Giulietta Spider. « Vous dites double embrayage ? » s’exclame-t-il. « Err. Err-rr-rr-rr ! ». Je lui rĂ©ponds que ça ne marche pas. Comment peut-on conduire avec une telle boĂźte de vitesses ? D’accord, Adam, c’est pardonnable. On vous a appris Ă  conduire un camion GAZ-52 avec une boĂźte de vitesses non synchronisĂ©e dans l’Angleterre aisĂ©e ? Laissez-moi faire.

L’évĂ©nement, organisĂ© par la sociĂ©tĂ© privĂ©e allemande Nostalgic Tours, est assez semblable Ă  un essai routier de journaliste automobile. Vous prenez l’avion pour l’Italie, vous ĂȘtes jumelĂ©s Ă  des voitures, on vous remet un roadbook, qui est une lĂ©gende de l’itinĂ©raire Ă  suivre, et vous partez sur les routes de Toscane. Ensuite, on dĂźne, on passe la nuit dans un bon hĂŽtel et on repart pour une journĂ©e presque complĂšte de conduite. La seule diffĂ©rence est que les voitures ne sont pas neuves, mais anciennes : Des Alfa Romeo des annĂ©es 50, 60 et 70. La marque Alfa Romeo elle-mĂȘme n’a pas de lien direct avec les « circuits nostalgiques ». Quelques alfistes allemands, amoureux des vieilles Alfas, ont dĂ©cidĂ© de partager leur passion avec le monde entier et en ont fait une petite entreprise. Ils ont achetĂ© une vingtaine de voitures rĂ©tro de leur marque prĂ©fĂ©rĂ©e, ont engagĂ© un ancien mĂ©canicien de course italien pour les entretenir et proposent des « visites nostalgiques » pour environ 2500 euros par personne.

Pour moi, cette visite a une toute autre signification : si un soviĂ©tique peut Ă©prouver de la nostalgie, c’est probablement uniquement pour les Zaporozhets Ă  bosse, les VAZ « kopeyka » ou ce « gazon » dont j’ai broyĂ© la boĂźte de vitesses alors que je recevais des leçons de langue colorĂ©es de la part du mentor de l’usine automobile n° 1. Les Alfa Romeo Giulietta, Giulia ou Spider n’étaient qu’un rĂȘve, un rĂȘve que l’on ne pouvait lire que dans le magazine DerriĂšre le volant de DOSAAF.

Et maintenant, me voici, en compagnie de l’Anglais Adam, en mesure d’essayer toutes les voitures du parc de Nostalgic Tours. Et si nous suivons la chronologie, nous devrions commencer par la premiùre Alfa.

Elle s’appelait donc Giulietta


La Giulietta Spider de Battista « Pinin » Farina. Italie, deuxiĂšme moitiĂ© du 20e siĂšcle. Acier, revĂȘtement chromĂ©, verre, caoutchouc et un peu de plastique.

Au dĂ©but des annĂ©es cinquante, l’Italie sort de la dĂ©pression de l’aprĂšs-guerre. Les transports de masse sont les bicyclettes et les scooters Isetta fabriquĂ©s sous licence par BMW. La grandeur de l’Alfa Romeo d’avant-guerre appartient au passĂ©, lorsque des beautĂ©s Ă  huit cylindres et des voitures de course victorieuses ont Ă©tĂ© construites avec des fonds du gouvernement fasciste. La guerre Ă©tait derriĂšre eux : la production de moteurs d’avion pour les chasseurs et les bombardiers italiens, la destruction complĂšte de l’usine principale du Portello Ă  Milan, les tentatives de fabrication de cuisiniĂšres dans la succursale sud de Pomigliano qui avait survĂ©cu. Mais les ingĂ©nieurs amoureux de la vitesse n’ont pas quittĂ© Alfa Romeo : le designer Orazio Satta, le motoriste Giuseppe Busso, le crĂ©ateur de la « formule » Alfa Romeo 158 d’avant-guerre, Giuseppe Colombo. Bien que le premier modĂšle d’aprĂšs-guerre ait Ă©tĂ© un Ă©chec, la berline Alfa Romeo 1900 Ă©tait trop grande et trop chĂšre pour l’Italie appauvrie. C’est donc par tous les moyens, avec des prĂ©sentations tapageuses et l’annonce d’une loterie nationale (dont les gagnants n’ont jamais reçu les 200 premiĂšres voitures promises), qu’Alfa Romeo a rĂ©ussi Ă  rassembler des fonds pour un modĂšle de masse plus compact, qui a Ă©tĂ© mis en production en 1954 sous le nom de Giulietta.

Certains affirment que ce nom, le premier « personnel » d’Alfa Romeo, a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© par l’épouse du cĂ©lĂšbre poĂšte italien de l’époque, Leonardo Sinisgalli. D’autres mentionnent un noble russe qui Ă©tait impresario dans une boĂźte de nuit milanaise et qui plaisantait lorsque les reprĂ©sentants d’Alfa Romeo se prĂ©sentaient : « Vous avez huit Romeo ici et pas une seule : « Vous avez huit Romeo ici et pas une seule Juliet ? ».

Quoi qu’il en soit, la Giulietta s’est imposĂ©e comme une beautĂ©. MĂȘme la berline Ă©tait belle, bien plus attrayante que sa contemporaine soviĂ©tique, la Moskvich-402. Et le coupĂ© de Bertone et le spider de Farina


La conduite avec la capote abaissĂ©e est Ă©galement plus agrĂ©able avec les vitres baissĂ©es – l’habitacle peut ĂȘtre lĂ©gĂšrement ventilĂ©, mais c’est constant et
 tout Ă  fait dĂ©licieux.
Seul un parfait imbĂ©cile sortirait de la route au volant d’une Giulietta », remarquaient les journalistes automobiles dans les annĂ©es 1950.

Ce que je craignais le plus, c’était l’étroitesse et la fameuse « position de conduite Ă  l’italienne » qui enveloppe la colonne de direction avec les jambes – les pĂ©dales d’embrayage et de frein ainsi que l’accĂ©lĂ©rateur suspendu. Le siĂšge compact est placĂ© pratiquement au niveau du plancher, ce qui vous permet de vous asseoir dans une posture de voiture de course avec les jambes tendues. Si l’on compare la Giulietta Ă  une supercar de l’époque, comme la Jaguar Type E, dans laquelle je me suis rĂ©cemment « serrĂ© » lors du rallye Monte-Carlo Historique, la Giulietta triomphe en termes d’ergonomie grĂące Ă  l’élĂ©gance de son pĂ©dalier. C’est comme si la Giulietta vous tapait doucement avec un pied gracieux dans une chaussure Ă©lĂ©gante. Dans la « Type E », on s’assoit un peu voĂ»tĂ©, alors qu’ici, on s’incline Ă  moitiĂ©, comme si on se prĂ©lassait sur une chaise longue. C’est la dolce vita, la douceur de vivre sous le ciel illimitĂ© des Apennins !

Mais soyez prudent : il n’y a pas de ceinture de sĂ©curitĂ©, pas de dispositifs de sĂ©curitĂ© Ă  proprement parler, et le moyeu du volant est dirigĂ© directement vers votre poitrine. Dans un virage chaotique, vous vous demanderez peut-ĂȘtre si le prochain scooter arrivant Ă  vive allure ne choisira pas le cĂŽtĂ© gauche.

Mais n’ayez crainte, de telles inquiĂ©tudes ne vous assailliront pas avec une Alfa. Cette voiture est nĂ©e pour apporter du bonheur !

Les pĂ©dales fines sont nichĂ©es prĂšs du tunnel de transmission – freins et embrayage au plancher, complĂ©tĂ©s par un accĂ©lĂ©rateur suspendu. Lorsque l’on appuie sur la pĂ©dale d’accĂ©lĂ©rateur, le moteur de 1300 cm3 peine d’abord, non pas Ă  cause des Ă©motions, mais Ă  cause de l’abondance d’air. Il semble que le clapet anti-retour de la pompe d’accĂ©lĂ©ration ait du mal Ă  retenir l’air.

L’habitacle est confortable, avec des finitions minimales, mais comme il est agrĂ©able de s’allonger dans la Giulietta-Giulia !
Et maintenant, nous entrons dans une Giulia de 1965 : 1600 cm3, les emblématiques « naseaux » sur le capot et une boßte de vitesses à cinq rapports.

Ah, oĂč sont mes treize ans et la VAZ « kopeyka » blanche avec la plaque d’immatriculation noire 57-71 MTB ? À l’époque, au dĂ©but des annĂ©es 80, le son du moteur « italien » caressait les oreilles au milieu des basses voitures fabriquĂ©es Ă  Moscou – et aujourd’hui, je reconnais ces sonoritĂ©s soyeuses de « VAZ ». L’Italie classique ! AprĂšs tout, l’architecture de ce « quatre » a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e avant mĂȘme la guerre par le lĂ©gendaire Vittorio Jano, le motoriste Lanzi et Ferrari. Bloc d’aluminium avec chemises en fonte, vilebrequin forgĂ© Ă  cinq paliers, chambre de combustion hĂ©misphĂ©rique, deux arbres Ă  cames « supĂ©rieurs » entraĂźnĂ©s par une chaĂźne Ă  double rangĂ©e, bougies d’allumage placĂ©es au centre. Sous diffĂ©rentes variantes, ce moteur a vĂ©cu sur les chaĂźnes de montage du groupe FIAT jusqu’en 1995 !

Lorsque le carburateur aspire enfin le carburant Ă  travers tous ses canaux complexes et qu’il y a une traction douce, ce n’est pas suffisant : le moteur n’a pas la puissance nĂ©cessaire pour les pentes raides et vous devez progressivement rĂ©trograder en premiĂšre vitesse. Nikita Gudkov a fait l’éloge du coupĂ© Giulietta pour sa dynamique d’accĂ©lĂ©ration, mais il conduisait une voiture privĂ©e bien entretenue. Les voitures de Nostalgic Tours sont considĂ©rĂ©es comme des voitures de location, et il est peu probable que la plupart des conducteurs sachent manier correctement une technologie rĂ©tro dĂ©licate.

Un petit coffre, des pĂ©dales de plancher pour l’embrayage et le frein, et une tige d’extraction pour le frein Ă  main.

La Giulietta Ă©tait cĂ©lĂšbre non seulement pour son design, mais aussi pour sa maniabilitĂ© ! La Moskvich-402 fabriquĂ©e Ă  Moscou Ă  l’époque avait un moteur en fonte Ă  soupapes infĂ©rieures de 35 chevaux, seulement trois vitesses avec un levier sous le volant, et un essieu arriĂšre sur ressorts Ă  lames – et mĂȘme le moteur Moskvich-407 de 1958, dĂ©jĂ  dotĂ© de soupapes en tĂȘte, d’une culasse en aluminium et alĂ©sĂ© Ă  1360 cm3, ne dĂ©veloppait que 45 chevaux. Le moteur de la plus simple des Giulietta, la berline, dĂ©veloppait 53 chevaux, multipliĂ©s par quatre rapports « courts », et dans le coupĂ© et le spider, le mĂȘme moteur de 1 300 cm3 Ă©tait portĂ© Ă  81 chevaux ! Il y avait aussi la Giulietta Veloce, plus lĂ©gĂšre et rĂ©glĂ©e, « Fast » : 90 ch et moins 75 kg de poids Ă  vide


Le volant fin en plastique noir « osseux » semble d’abord lĂ©ger, mais dĂšs qu’on le tourne, les mains sentent son poids : l’avant de la voiture se dĂ©place immĂ©diatement sur le cĂŽtĂ©, surmontant son manque de maniabilitĂ©. Mais en un instant, la Giulietta s’adapte, le volant « s’allĂšge »  C’est dĂ» Ă  la suspension indĂ©pendante « all around » de Lancia qui existait dĂ©jĂ  avant la guerre, et Horacio Satta et ses collĂšgues ont optĂ© pour une variante moins coĂ»teuse : un essieu arriĂšre non divisĂ©. Bien qu’il soit suspendu par des ressorts et reliĂ© Ă  la carrosserie par un troisiĂšme levier central en forme de A, il n’en reste pas moins que les amortisseurs Koni Classic de couleur rouge ne sont pas en reste. Mais mĂȘme les amortisseurs Koni Classic rouges combinĂ©s Ă  des pneus radiaux Uniroyal de 15 pouces ne compensent pas les imperfections cinĂ©matiques. Par consĂ©quent, les virages rapides de la Giulietta doivent ĂȘtre nĂ©gociĂ©s Ă  l’aide d’une « direction de recherche », Ă©quilibrĂ©e entre une maniabilitĂ© insuffisante et une maniabilitĂ© excessive.

Le fleuron des spiders Alfa Romeo 2600 était fabriqué par la Carrozzeria Touring de Milan : ils étaient plus puissants mais une fois et demie plus lourds que la Giulietta et beaucoup plus chers.

Et qu’en est-il de la boĂźte de vitesses ? En montĂ©e – uniquement avec un double embrayage, et en descente – avec une impulsion intermĂ©diaire sur le point mort pour faire tourner l’arbre primaire. En fait, les boĂźtes de vitesses des roadsters Giulietta Ă©taient entiĂšrement synchronisĂ©es, ce qui Ă©tait un luxe Ă  l’époque. D’ailleurs, les Italiens ont achetĂ© Ă  Porsche une licence pour les synchroniseurs. Mais cette voiture semble avoir Ă©tĂ© usĂ©e – la carrosserie brille d’une peinture fraĂźche, les chromes brillent sous le soleil italien, mais les synchroniseurs sont « morts ». Err-rr-rr-rr, err-rr-rr ! L’Anglais Adam n’a fait qu’emplir les collines toscanes d’un Ă©pouvantable grincement de vitesses et a perdu de l’élan, incapable d’engager la deuxiĂšme vitesse aprĂšs la troisiĂšme ou la quatriĂšme.

Quoi qu’on en dise, je reste fidĂšle au principe de Souvorov : « Dur Ă  l’entraĂźnement, facile au combat ». Dans ma jeunesse, j’ai appris Ă  conduire sur des « rondins » – je conduisais tout ce qui avait des pistons, indĂ©pendamment de la prĂ©sence de freins ou du jeu dans le volant – si vous pouvez conduire cela, vous pouvez conduire n’importe quoi !

L’intĂ©rieur est plus spacieux et plus riche, mais les siĂšges « + deux » Ă  l’arriĂšre sont inutiles, l’assise n’est pas aussi agrĂ©able que dans la Giulia, et le volant est beaucoup plus lourd.

Une pause dĂ©jeuner – l’occasion de passer Ă  la Giulia. Il s’agissait d’un changement de gĂ©nĂ©ration, mais si les berlines Giulia diffĂ©raient sensiblement des Giulietta, les coupĂ©s et les roadsters ont subi une modernisation mineure. De plus, il s’agissait d’un processus progressif (rappelez-vous la transition entre les VAZ « dix » et les Prioras). La transformation de la Giulietta en Giulia a commencĂ© en 1959 avec un empattement plus long et s’est achevĂ©e en 1965 lorsqu’un moteur plus puissant de 1600 cm3 a nĂ©cessitĂ© l’ajout de naseaux Ă  l’admission d’air. Un ornement discutable, mais 90 ch – voilĂ  qui est plus amusant ! Et la boĂźte de vitesses de cette voiture Ă©tait en parfait Ă©tat – les rapports s’enclenchaient sans problĂšme, avec facilitĂ© et prĂ©cision. Mais les freins ! Il n’y avait tout simplement pas de freins Ă  l’avant, seuls les freins arriĂšre fonctionnaient. Une pression un peu plus forte – et c’est la glissade ! C’est cette voiture qui, plus tard, a Ă©tĂ© impliquĂ©e dans un accident impliquant la femme d’un homme d’affaires et Ă©diteur nĂ©erlandais : elle a freinĂ© trop fort avant un virage – et la belle Alfa est partie instantanĂ©ment en vrille et a heurtĂ© une barriĂšre avec son coffre. Heureusement, l’accident n’a pas Ă©tĂ© trop grave.

Mais un camion d’évacuation suit le convoi pour de tels cas, avec une voiture de remplacement – et j’ai Ă©galement dĂ» faire appel Ă  ses services. Je conduisais une Alfa Romeo 2600 dĂ©capotable – et soudain


Une rangĂ©e de doubles arbres Ă  cames en tĂȘte anime le moteur six cylindres : 145 chevaux, Ă©quipĂ© de trois carburateurs Solex, mais
 l’étincelle semble s’ĂȘtre Ă©vanouie.

Cette voiture est la preuve que « plus cher » ne veut pas forcĂ©ment dire « meilleur ». Ce modĂšle n’avait pas de nom propre – l’indice 2600 reflĂ©tait la cylindrĂ©e du « six » en ligne, qui revenait enfin sous le capot des voitures de route Alfa pour la premiĂšre fois depuis l’avant-guerre. En 1961, la berline Alfa 2600 a remplacĂ© l’Alfa Romeo 2000, le modĂšle phare prĂ©cĂ©dent. Les coupĂ©s et les roadsters basĂ©s sur cette berline ont Ă©tĂ© conçus respectivement par Giugiaro et Carrozzeria Touring. Ils ont essayĂ© de maintenir le design dans le style Giulietta, et


Bien sĂ»r, c’est magnifique. Mais il n’y a plus cette sensation organique. Les six cylindres ont une sonoritĂ© plus douce et plus raffinĂ©e que les quatre de la Giulietta, et la suspension est plus confortable – alors que la Giulietta secoue constamment sur une mauvaise route avec sa carrosserie lĂ©gĂšre (qui reste cependant solide et monolithique), l’Alfa 2600 roule sensiblement plus en douceur. Mais la voiture est plus lourde et accĂ©lĂšre moins vite. Et la direction est lourde dans les virages – difficile de tourner ! Sous-virage prononcĂ©.

Elle est tellement prononcĂ©e qu’il n’y a aucune envie d’aller vite. On se contente de rouler tranquillement, en regardant autour de soi la beautĂ© de la Toscane. Les collines peu boisĂ©es, les rangĂ©es de cyprĂšs sentinelles qui bordent les chemins rectilignes recouverts de gravier blanc, les vignobles qui s’étendent Ă  perte de vue


Et, bien sĂ»r, une dĂ©capotable – c’est un tout autre niveau de connexion avec le monde environnant. Surtout une vieille dĂ©capotable. Lorsque le bruit du vent et le gazouillis des oiseaux se mĂȘlent au grondement guttural du moteur Ă  carburateur, et que l’odeur amĂšre des gaz d’échappement « impurs » se mĂȘle aux arĂŽmes de la terre toscane bĂ©nie


Et le vent dans le visage, en effet.

Mais soudain – « tr-r-r-r-r » : le moteur perd de la puissance et cale. Comme si quelqu’un l’avait Ă©teint. J’ai roulĂ© sur le cĂŽtĂ© en utilisant le dĂ©marreur, j’ai soulevĂ© le capot
 Ah, j’ai perdu mes compĂ©tences. Avant, sans hĂ©siter, j’aurais vĂ©rifiĂ© le niveau d’essence dans la chambre Ă  flotteur ou tirĂ© le fil haute tension – pour voir l’étincelle. Mais cela fait un moment que je n’ai pas tenu de clĂ©s, et l’Alfa n’est pas un Zaporozhets. Alors, 15 minutes aprĂšs l’appel, le copropriĂ©taire de Nostalgic Tours, Gert Pichler, est arrivĂ© avec sa collĂšgue, la charmante Russe Alena Bychikhina, et ils ont chargĂ© l’Alfa 2600 « morte » dans le camion d’évacuation, et en retour, Adam et moi avons reçu une Alfa Romeo Spider.

L’aiguille du compteur de vitesse pointe sĂ©vĂšrement vers le bas
 non pas immobile, mais Ă  40 km/h !
Les siÚges sont plus confortables que dans la Giulietta, mais le levier de vitesse est un peu trop « horizontal ».

Elle a remplacĂ© la Giulia en 1966 – sa carrosserie basse et aĂ©rodynamique rappelant la Jaguar Type E. Mais la technologie Ă©tait beaucoup plus simple : toujours un essieu arriĂšre rigide et une direction de type « vis sans fin ». Mais la technologie Ă©tait beaucoup plus simple : toujours un essieu arriĂšre rigide et une direction de type « vis sans fin et Ă©crou Ă  rouleaux ». Le nom initial « Duetto », trouvĂ© Ă  l’issue d’un concours national, ne s’est pas vraiment imposĂ© – Ă  partir du milieu des annĂ©es 70, il Ă©tait simplement connu sous le nom de Spider. Je conduis une voiture de la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration, datant du dĂ©but des annĂ©es 70, avec l’arriĂšre tronquĂ© et un moteur 2 litres de 133 chevaux.

L’intĂ©rieur est en plastique noir et les instruments de bord sont orientĂ©s vers le bas, comme sur les Alfas modernes. La puissance est joyeuse et douce, bien qu’avec des hĂ©sitations typiques des carburateurs. Les freins sont modernes, avec un booster Ă  vide : la pĂ©dale est lĂ©gĂšre, la voiture ne s’emballe pas
 Mais la tenue de route est encore au niveau des annĂ©es 90 : les rĂ©actions dans la zone proche de zĂ©ro sont paresseuses, puis le volant se charge soudainement d’efforts et la rĂ©activitĂ© augmente. De plus, il y a des rĂ©actions de « caoutchouc » – les pneus sont Ă  profil plein, tout droit sortis des annĂ©es 60.

Et vous ressentez la route de maniĂšre plus aiguĂ« que dans les voitures modernes. MĂȘme sur l’asphalte lisse, on ressent constamment de lĂ©gĂšres vibrations, et dĂšs que l’on s’engage sur un chemin de terre, l’habitacle commence Ă  s’agiter, et le volant prĂ©sente un jeu perceptible.

Mais le Spider de l’époque Ă©tait loin d’ĂȘtre une supercar, tout comme la Giulietta-Giulia. Aujourd’hui, ce crĂ©neau est occupĂ© par des voitures comme l’Audi TT ou la BMW Z4 – des voitures chĂšres, mais qui restent accessibles non seulement aux millionnaires. Des actrices et des artistes, des avocats et des dentistes les ont achetĂ©es
 Et ont profitĂ© de la vie.

C’est ce que vendent les organisateurs de « circuits nostalgiques » : la possibilitĂ© de ressembler Ă  la « classe moyenne » prospĂšre d’il y a un demi-siĂšcle. Dans un souci d’authenticitĂ©, ils organisent des dĂźners dans un chĂąteau-musĂ©e, oĂč les propriĂ©taires accueillent personnellement les invitĂ©s et exposent des peintures, des meubles, de la vaisselle, des vĂȘtements ou des poupĂ©es en porcelaine de la famille, collectionnĂ©s au fil des siĂšcles. Ou dans un petit restaurant familial, oĂč un Ă©norme plat de pĂątes maison gĂ©nĂ©reusement saupoudrĂ© des truffes les plus dĂ©licates trouvĂ©es dans les bois locaux ne coĂ»te que dix euros. Quatre cents roubles dans notre monnaie, et c’est tellement dĂ©licieux qu’on est prĂȘt Ă  avaler sa propre langue.

Vous reconnaissez ces jauges supplémentaires circulaires et ces dégivreurs ronds sur le tableau de bord ? Ils proviennent de FIAT.

En bref, de l’Italie.

Et ici


Au tournant des annĂ©es 50 et 60, mon pĂšre, s’il pouvait rĂȘver d’une dĂ©capotable, ne pouvait que rĂȘver de la GAZ-69 « goat ». Mais c’est un camion GAZ-51 qu’il conduisait Ă  l’époque, lorsqu’en 1956, les Ă©tudiants de l’Institut minier de l’Oural ont Ă©tĂ© envoyĂ©s pour rĂ©colter le fameux « milliard d’or », une rĂ©colte de blĂ© Ă©tonnamment abondante dans les steppes kazakhes qui venaient d’ĂȘtre labourĂ©es. Le grain pourrissait, il Ă©tait dĂ©versĂ© dans les marĂ©cages avoisinants, il n’y avait pas assez de personnel, de machines, d’élĂ©vateurs ou de wagons de train. Les Ă©tudiants amenĂ©s au Kazakhstan n’ayant rien Ă  manger, ils ont renvoyĂ© mon pĂšre chez lui, Ă  Sverdlovsk, pour qu’il se procure un fusil. Avec un ami, il est montĂ© gratuitement sur le toit des wagons, profitant du vent dans leur visage, et a ramenĂ© Ă  la gare de Mamlyutka une « tulka » de calibre 16, essayant de tirer sur les canards qui passaient pour obtenir un peu de viande


HĂ©las, nous n’avions pas de roadsters ou de spiders, nous n’avions pas la vie facile. Notre nostalgie des Alfas est imaginaire. Comme une fausse grossesse ou des douleurs fantĂŽmes. Nous avions Belka et Strelka, nous avions Spoutnik et Gagarine, nous avions Tu-22 et BTR-60. Et nous avons eu la Pobeda et la Volga, la « emka » et la « one and a half » 

Je les ai aussi conduits. Pas en Italie, bien sûr, mais à Nijni Novgorod, lors du festival anniversaire Gorkyclassic GAZ. Je vous en dirai plus la prochaine fois.

Alfa Romeo Duetto, Ă©galement connu sous le nom de Spider : 27 ans sur la chaĂźne de montage, de 1966 Ă  1993 ! Il s’agit d’une voiture de deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration, une 2000 Veloce de 1970 – avec un coffre « tronquĂ© » et un moteur 2 litres de 133 chevaux. 

Photo : Nostalgic Tours Company | Leonid Golovanov

Il s’agit d’une traduction. Vous pouvez lire l’article original ici : Đ›Đ”ĐŸĐœĐžĐŽ Đ“ĐŸĐ»ĐŸĐČĐ°ĐœĐŸĐČ ĐżĐŸĐ”Đ·ĐŽĐžĐ» ĐœĐ° старых Alfa Romeo Оз ĐșĐŸĐ»Đ»Đ”Đșцоо Nostalgic Tours

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