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Les origines de Cadillac : De la métallurgie aux pionniers de l'automobile

Les origines de Cadillac : De la métallurgie aux pionniers de l'automobile

“Cherchez la racine ! Tel Ă©tait le conseil de l’inoubliable Kozma Prutkov au siĂšcle dernier. En effet, le retour aux sources permet parfois de faire des dĂ©couvertes fascinantes. Par exemple, Ă  la base de la marque automobile Cadillac se trouve Ă©tonnamment un vĂ©hicule Ford.

Lorsque l’on place cĂŽte Ă  cĂŽte la Ford Model A et la Cadillac Model A, il est presque impossible de les distinguer Ă  premiĂšre vue. Un examen plus approfondi rĂ©vĂšle toutefois que la Ford est dotĂ©e de suspensions entiĂšrement elliptiques Ă  l’avant et Ă  l’arriĂšre, tandis que la Cadillac est semi-elliptique. La Ford Model A fonctionne sur deux cylindres, contre un seul pour la Cadillac Model A. En outre, la Ford est lĂ©gĂšrement plus courte, tandis que la Cadillac est un peu plus large. Le radiateur de la Ford est strictement vertical, contrairement Ă  celui de la Cadillac, qui est lĂ©gĂšrement inclinĂ© vers l’arriĂšre. La Ford possĂšde Ă©galement un “puits” pour la manivelle indispensable Ă  l’époque, situĂ© sur le cĂŽtĂ© droit, une caractĂ©ristique absente sur la Cadillac, oĂč l’arbre destinĂ© Ă  ĂȘtre tournĂ© par la manivelle se trouve sous le bord de la carrosserie. Il est clair que ces vĂ©hicules sont structurellement distincts, bien que visuellement similaires.

La couleur rouge de la carrosserie est caractĂ©ristique de la Ford Model A. La couleur d’usine des premiers vĂ©hicules Cadillac Model A, selon le catalogue de la sociĂ©tĂ© de 1903, Ă©tait complĂštement diffĂ©rente : un riche cinabre sur les trains roulants (appelĂ© “couleur vin rouge”) et la mĂȘme garniture sur une carrosserie noire stricte.


Ici, on voit clairement oĂč insĂ©rer la “manivelle” pour dĂ©marrer le moteur : l’arbre de dĂ©marrage fait saillie sous le cĂŽtĂ© de la carrosserie, Ă  cĂŽtĂ© de l’axe du levier latĂ©ral. Sur le modĂšle A, le moteur pouvait ĂȘtre dĂ©marrĂ© des deux cĂŽtĂ©s de la voiture ; plus tard, le “puits” n’a Ă©tĂ© laissĂ© que du cĂŽtĂ© opposĂ©.

L’histoire se dĂ©roule un matin d’aoĂ»t 1902, lorsque deux hommes rendent visite Ă  Leland & Faulconer Ă  Detroit. Il s’agit de reprĂ©sentants de la Detroit Automobile Company, une sociĂ©tĂ© enregistrĂ©e mais non opĂ©rationnelle, qui avait prĂ©vu de commercialiser un vĂ©hicule conçu par son ingĂ©nieur en chef. Des dĂ©saccords ont entraĂźnĂ© son dĂ©part, emportant avec lui le prototype du modĂšle destinĂ© Ă  la production. N’ayant plus rien Ă  fabriquer, la seule option semble ĂȘtre de se retirer de l’activitĂ© en vendant l’entreprise. Mais il fallait d’abord Ă©valuer tous les actifs disponibles pour dĂ©terminer la valeur potentielle de la vente. Leland & Faulconer, connu pour ses produits techniques sophistiquĂ©s et son personnel qualifiĂ©, a Ă©tĂ© sollicitĂ© pour fournir l’évaluation technique nĂ©cessaire.


Le phare avant, puissant et lumineux, est structurellement associĂ© au gĂ©nĂ©rateur au carbure ; il peut ĂȘtre facilement allumĂ© sans ĂȘtre retirĂ© de ses supports – il suffit d’ouvrir la vitre avant, qui est montĂ©e sur charniĂšres. Le radiateur de la voiture est un tube de cuivre sans soudure d’un diamĂštre de 15,9 mm, sur lequel des disques de cuivre sont espacĂ©s de 9,5 mm. Le tout est enroulĂ© en hĂ©lice et montĂ© Ă  l’avant avec une lĂ©gĂšre inclinaison vers l’arriĂšre.

À l’époque, il aurait Ă©tĂ© difficile de qualifier Leland & Faulconer d’entreprise automobile ; il s’agissait d’une entreprise gĂ©nĂ©rale de mĂ©tallurgie connue pour fournir divers Ă©quipements de production et des outils spĂ©cialisĂ©s, tels que des micromĂštres, aux entreprises locales. NĂ©anmoins, tout produit de cette entreprise Ă©tait reconnu pour sa qualitĂ© suprĂȘme. Henry Leland, l’un de ses fondateurs, Ă  l’origine armurier ayant dĂ©butĂ© chez Colt, veillait Ă  ce que le travail dans son atelier soit organisĂ© de maniĂšre Ă  ce que chaque composant, en particulier les piĂšces mobiles, s’emboĂźte avec prĂ©cision sans nĂ©cessiter de finition ou de limage supplĂ©mentaire. Leur expertise dans la crĂ©ation de boĂźtes de vitesses, d’entraĂźnements par engrenage et d’installations de rectification d’engrenages Ă©tait inĂ©galĂ©e, et leur fonderie, crĂ©Ă©e en 1896, Ă©tait rĂ©putĂ©e dans toute la rĂ©gion pour produire des piĂšces moulĂ©es d’une qualitĂ© inĂ©galĂ©e.


La voiture prĂ©sentĂ©e ici n’a ni instruments, ni mĂȘme de klaxon. DerriĂšre les portes, dans la paroi avant de la carrosserie, se trouve un rĂ©servoir d’eau pour le systĂšme de refroidissement.

Les fabricants de bicyclettes s’empressaient de s’approvisionner auprĂšs d’eux en roues dentĂ©es pour les transmissions par chaĂźne. Lorsque DĂ©troit a dĂ©cidĂ© de mettre en place un systĂšme de tramway, L & F a obtenu le contrat pour les moteurs Ă  vapeur du matĂ©riel roulant, produisant plusieurs centaines d’unitĂ©s. L’entreprise a Ă©galement fabriquĂ© des moteurs Ă  combustion interne, principalement pour un usage maritime, commandĂ©s par le chantier naval local. Lorsque Ransom Olds, un entrepreneur en herbe originaire de la ville voisine de Lansing, s’est lancĂ© dans l’automobile, il a passĂ© sa premiĂšre commande de deux mille moteurs monocylindriques Ă  L & F.


Le levier de direction, qui se dĂ©place le long d’un secteur dentĂ©, dĂ©termine la position du papillon des gaz – en d’autres termes, il fonctionne comme un accĂ©lĂ©rateur (“gaz manuel”). La pĂ©dale de droite est le frein, celle de gauche enclenche la “petite vitesse” de la transmission planĂ©taire Ă  deux Ă©tages. Le levier situĂ© Ă  droite du siĂšge du conducteur est bruyamment appelĂ© “poignĂ©e de contrĂŽle” dans le manuel ; en rĂ©alitĂ©, il permet au conducteur de serrer Ă  volontĂ© les bandes de freinage de la transmission, permettant ainsi Ă  la voiture d’avancer ou de reculer.

Les reprĂ©sentants de la Detroit Automobile Company avaient donc toutes les raisons de consulter la sociĂ©tĂ© d’Henry Leland. Lors de sa visite pour Ă©valuer les actifs de la sociĂ©tĂ© en cours de liquidation, Leland remarque une usine bien Ă©quipĂ©e mais inactive et un entrepĂŽt rempli de carrosseries non peintes prĂ©parĂ©es Ă  l’avance. Il est impressionnĂ© par la disposition stratĂ©gique des Ă©quipements et s’enquiert de l’ingĂ©nieur que la direction ne peut accueillir. C’est alors que le nom d’Henry Ford apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans ce rĂ©cit, un personnage avec lequel Leland dĂ©veloppera plus tard une collaboration Ă©troite et approfondie. Les anciens partenaires de Ford expliquent Ă  Leland : “Il Ă©tait constamment animĂ© par le dĂ©sir de crĂ©er des machines de course Ă  grande vitesse, mais nous avions besoin d’un modĂšle qui puisse ĂȘtre rapidement mis sur le marchĂ© pour gĂ©nĂ©rer des revenus.”


Les places arriĂšre sont exiguĂ«s, les passagers devant s’asseoir de biais les uns par rapport aux autres. Si on le souhaite, toute la partie arriĂšre de la carrosserie peut ĂȘtre facilement dĂ©tachĂ©e et retirĂ©e de la voiture Ă  quatre mains, ce qui en fait une voiture Ă  deux places. Si l’on en juge par l’absence d’attaches pour un toit pliant, cette voiture a Ă©tĂ© livrĂ©e Ă  l’origine complĂštement ouverte.

Quelques jours plus tard, Henry Leland se rend au bureau de la Detroit Automobile Company, situĂ© Ă  l’angle des avenues Cass et Amsterdam, Ă  Detroit. Sans prĂ©ambule, il dĂ©clare aux associĂ©s : “J’ai apportĂ© votre devis, mais je vous dĂ©conseille de vendre cette usine. La construction automobile est prometteuse, mais elle comporte des dĂ©fis. Poursuivons plutĂŽt la conception du chĂąssis lĂ  oĂč vous l’avez laissĂ©e, et je vous fournirai des moteurs assemblĂ©s avec des transmissions, car j’ai dĂ©jĂ  un modĂšle adĂ©quat.”


La voiture reprĂ©sentĂ©e sur ces illustrations est en version quatre places – ce type de carrosserie s’appelait tonneau et l’accĂšs aux places arriĂšre ne se faisait pas depuis le trottoir mais depuis la route, par une porte unique. Dans cette configuration, la voiture coĂ»te 850 dollars ; une variante Ă  deux places sans deuxiĂšme rangĂ©e de siĂšges coĂ»te cent dollars de moins.

En effet, Leland disposait d’un moteur adĂ©quat – il Ă©tait lĂ  depuis que Leland & Faulconer travaillait sous contrat avec Oldsmobile. Contrainte de dĂ©localiser Ă  la suite de l’incendie qui a dĂ©truit son usine de DĂ©troit en mars 1901, Oldsmobile a construit en toute hĂąte une nouvelle usine Ă  Lansing et mis en place des opĂ©rations d’assemblage temporaires afin de rester sur le marchĂ©. Leland & Faulconer ont Ă©tĂ© chargĂ©s de produire une version lĂ©gĂšrement amĂ©liorĂ©e du moteur initial. AprĂšs avoir acceptĂ© cette conception pour la production, M. Leland a chargĂ© ses ingĂ©nieurs de l’amĂ©liorer encore. Leurs efforts ont permis de tripler la puissance pour atteindre plus de dix chevaux Ă  900 tr/min. Le moteur amĂ©liorĂ© a Ă©tĂ© dĂ»ment proposĂ© Ă  Olds pour remplacer la version dĂ©jĂ  fournie. À l’époque, l’offre a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ©e, citant le chĂąssis trop faible pour un tel moteur et les difficultĂ©s de la pĂ©riode de rĂ©cupĂ©ration. Une nouvelle occasion d’utiliser le moteur amĂ©liorĂ© se prĂ©sente.

Les dispositifs d’éclairage n’étaient pas inclus dans le kit de livraison de la voiture ; ils devaient ĂȘtre achetĂ©s sĂ©parĂ©ment. Les lanternes Ă  kĂ©rosĂšne de cet exemplaire ont Ă©tĂ© fabriquĂ©es par la sociĂ©tĂ© Dietz Motor Lamp, et le projecteur Ă  acĂ©tylĂšne a Ă©tĂ© fourni par A.H.Funke de New York. Les ailes, Ă©galement connues sous le nom de garde-boue, Ă©taient encore mĂ©talliques ici ; elles ont parfois Ă©tĂ© fabriquĂ©es en cuir artificiel par la suite. Les longs et magnifiques supports de la suspension avant, qui s’étendent loin vers l’avant, constituaient l’un des points faibles de la Cadillac Model A. Ils ne formaient pas un tout avec le chĂąssis, mais Ă©taient fixĂ©s Ă  celui-ci par des rivets et ne pouvaient souvent pas supporter les charges sur les routes extrĂȘmement mauvaises de l’époque. C’est pourquoi, Ă  partir de l’annĂ©e modĂšle suivante, on a utilisĂ© un seul ressort Ă  lames transversal au lieu de deux ressorts Ă  lames longitudinaux, et on l’a inversĂ©.

Les hommes d’affaires de la Detroit Automobile Company n’ont pas de chĂąssis fragile – en fait, ils n’ont pas de chĂąssis du tout, car leur ancien chef designer a emportĂ© le prototype avec lui. Rien ne les empĂȘche donc de concevoir un chĂąssis Ă  partir de zĂ©ro pour accueillir un moteur plus puissant. N’ayant pas non plus Ă  faire face aux consĂ©quences d’un incendie, ils acceptent sans condition le modĂšle d’entreprise proposĂ© par Henry Leland. À la fin du mois d’aoĂ»t, tous les documents pertinents ont Ă©tĂ© formalisĂ©s et signĂ©s. Il ne s’agit pas d’une fusion ou d’une acquisition, et Leland & Faulconer reste un fournisseur indĂ©pendant d’assemblages. Cependant, la Detroit Automobile Company doit ĂȘtre rĂ©enregistrĂ©e sous un nouveau nom. DĂ©troit venait de cĂ©lĂ©brer son bicentenaire, un Ă©vĂ©nement encore frais dans les esprits, et sans surprise, le nom choisi pour la sociĂ©tĂ© rĂ©organisĂ©e et la marque de la nouvelle voiture fut celui de l’explorateur français qui fonda la ville. Son nom, Antoine Laumet de La Mothe, sieur de Cadillac, rĂ©sonne puissamment et distinctement français-Cadillac.


Pour accéder au moteur, vous devez retirer le coussin du siÚge avant. La boßte rectangulaire brillante sur la gauche est le réservoir de carburant, et le couvercle peint en rouge vif est le carter de la transmission planétaire.

Cadillac, ou plus prĂ©cisĂ©ment en français, “Cadillac”, est un terme gĂ©ographique longtemps associĂ© Ă  une petite localitĂ© de la Gironde, en Aquitaine. On ne sait pas trĂšs bien quel lien le brave Gascon Antoine avait avec ces lieux, lui qui a Ă©tabli le premier poste de traite des fourrures avec les tribus amĂ©rindiennes locales, lĂ  oĂč se trouve aujourd’hui une ville animĂ©e de plusieurs millions d’habitants. Pourtant, c’est son nom et les armoiries excessivement pompeuses de sa famille qui ont Ă©tĂ© choisis comme symboles de la nouvelle automobile. L’emblĂšme hĂ©raldique colorĂ© et ornĂ© a Ă©tĂ© appliquĂ© sur les deux cĂŽtĂ©s de la carrosserie des voitures par dĂ©calcomanie sur les tout premiers modĂšles de production, bien que son enregistrement officiel en tant que symbole d’entreprise n’ait Ă©tĂ© officialisĂ© qu’en aoĂ»t 1906.


De l’arriĂšre, une vue magnifique de son entraĂźnement principal par chaĂźne, du systĂšme diffĂ©rentiel Brown & Lipe et du feu arriĂšre au kĂ©rosĂšne Atwood Castle s’ouvre. Les roues de type “artillerie” des voitures de sĂ©rie Cadillac avaient 12 rayons. Les trois premiĂšres unitĂ©s, y compris le prototype, utilisaient des roues similaires Ă  quatorze rayons en bois, provenant de la voiture Olds Ă  tableau de bord incurvĂ©. Les pneus Ă©taient fournis par Fisk and Hartford ; ici, bien sĂ»r, nous voyons une imitation moderne, mais d’une taille correcte de 28 x 3 pouces.

À la fin de l’annĂ©e 1902, trois voitures avaient Ă©tĂ© assemblĂ©es ; elles ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es au salon de l’automobile de New York en janvier 1903, oĂč les prĂ©-commandes Ă©taient prises directement sur le stand d’exposition moyennant un modeste acompte de dix dollars. Au total, 2 286 commandes ont Ă©tĂ© recueillies Ă  la fin du salon ; l’usine a commencĂ© Ă  fonctionner en mars 1903 et les ventes ont dĂ©butĂ© simultanĂ©ment. Henry Ford, quant Ă  lui, n’a atteint le marchĂ© que fin juillet. Il a beau vanter les mĂ©rites de son moteur Ă  deux cylindres en un, il ne peut cacher qu’il ne parvient Ă  en tirer que huit chevaux. Il n’est pas surprenant que Cadillac l’ait largement devancĂ© en termes de volumes de ventes, du moins au dĂ©but.

Les deux marques, Cadillac et Ford, ont survĂ©cu jusqu’à aujourd’hui. Elles ne sont plus en concurrence directe, car Ford s’adresse au marchĂ© de masse tandis que Cadillac reste un symbole de luxe et d’exclusivitĂ©, connu sous le nom de “Standard of the World”. Elles n’ont plus grand-chose Ă  se mettre sous la dent.

Photo : Sean Dagen, Hyman Ltd.

Voici la traduction. Vous pouvez lire l’article original ici : ĐĄĐ°ĐŒŃ‹Đč пДрĐČыĐč Cadillac ĐČ Ń€Đ°ŃŃĐșĐ°Đ·Đ” ĐĐœĐŽŃ€Đ”Ń Đ„Ń€ĐžŃĐ°ĐœŃ„ĐŸĐČĐ°

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