Au début des années 1950, l’Amérique s’engagea dans le conflit coréen, et une fois de plus—comme au milieu de la décennie précédente—l’industrie automobile nationale dut donner la priorité à autre chose qu’à la production civile. Les constructeurs furent confrontés à la nécessité de mettre précipitamment sur le marché des versions à peine mises à jour des modèles de l’année précédente, ce qui rendait difficile pour la plupart des acheteurs d’identifier précisément ce qui distinguait les nouvelles voitures des anciennes.

L’intérieur de la voiture est en cuir, comme une décapotable ; les garnitures sont plutôt modestes, sans “beauté” prétentieuse
Le break Buick bronze présenté ici peut être daté précisément de 1952—il suffit de savoir où regarder. En effet, il ressemble étroitement à son prédécesseur, mais certains détails permettent de distinguer ces deux voitures sans les placer côte à côte. En ignorant des points mineurs comme les “trous de souris” décoratifs le long des côtés (quatre d’affilée—c’est une Roadmaster !) ou les petites ailettes modestes s’étendant le long des ailes arrière vers les feux arrière, il suffit d’observer la flouriture élégante du moulage qui court audacieusement le long des côtés. S’il atteint à peine l’arche de la roue arrière et se retourne vers l’avant, comme le montrent ces pages, nous pouvons affirmer avec confiance qu’il s’agit d’un modèle 1952. La garniture du modèle précédent s’étendait également comme une ligne fine vers l’arrière, juste au-dessus des ouvertures des roues arrière. Tout l’espace jusqu’au bord avant de l’ouverture de la roue était occupé par un panneau chromé triangulaire solide, servant de “protection contre les pierres” qui protégeait traditionnellement (ou peut-être par inertie ?) la partie inférieure des ailes arrière.
D’un point de vue technique, cependant, la voiture était loin d’être une copie exacte du modèle précédent. Par exemple, le système d’alimentation reçut un nouveau carburateur à quatre venturis—le premier système de ce type dans toute l’industrie automobile américaine. La direction était désormais disponible avec assistance électrique, proposée en équipement optionnel plutôt qu’en série. Cette option devait être spécifiquement demandée et coûtait 199 $ supplémentaires. Avant l’année-modèle 1952, cette option n’était pas du tout disponible sur les voitures Buick. De plus, la capacité du coffre augmenta, nécessitant que la forme du couvercle de coffre devienne moins inclinée—ou, plus précisément, plus “carrée”. Ce détail n’est pas visible dans nos illustrations : l’impressionnante voiture bronze-or présentée a une carrosserie de break. Il est notable que cette carrosserie en bois n’était pas une production d’usine de Buick elle-même, mais était fabriquée par un carrossier externe, Ionia Manufacturing, basé à Ionia, Michigan.

Les “ailettes” décoratives brillantes sur les ailes arrière sont décorées avec des emblèmes Buick stylisés
À l’origine fabricant de meubles opérant sous un nom différent—Ypsilanti Reed Furniture Co.—cette entreprise s’agrandit en acquérant plusieurs entreprises locales, dont une fournissant des capotes amovibles étanches pour les Ford Model T à carrosserie ouverte. Par conséquent, la gamme de l’entreprise s’étendit, passant finalement entièrement à la production liée à l’automobile, fournissant des carrosseries de voitures particulières, des carrosseries de camions et des cabines de camions. Ils tentèrent une collaboration avec General Motors Corporation même avant la guerre, à la toute fin des années 1930, mais ne décrocha leur premier contrat substantiel qu’en 1946—pour fournir des carrosseries complètes de breaks en bois pour Chevrolet et Pontiac. Peu après, ils commencèrent également à produire des carrosseries similaires pour les voitures Buick. Avant 1948, une autre entreprise, Hercules, fournissait Buick avec de telles carrosseries. Cette nouvelle commande arrivait à point nommé puisqu’à partir des modèles 1949, Pontiac et Chevrolet passèrent tous deux aux carrosseries de breaks entièrement métalliques, laissant potentiellement les artisans d’Ionia sans contrats GM du tout.

La porte arrière, constituée de deux moitiés qui s’ouvraient vers le haut et vers le bas, était une pratique courante à l’époque.
Le véhicule de nos illustrations est construit sur le châssis du modèle Buick 1952 le plus grand et le plus cher. Il dispose d’un moteur Fireball huit cylindres en ligne à soupapes en tête, d’une cylindrée de 320 pouces cubes, équipé du susmentionné carburateur quatre corps Airpower, développant 170 chevaux, et couplé exclusivement avec la transmission automatique distinctive Dynaflow de Buick. L’exemplaire présenté est équipé d’une direction et de freins assistés, d’une radio intégrée, et même de la climatisation montée sous le tableau de bord. Seulement 359 unités furent produites dans cette configuration. Le second break de Buick, de la série Super, vendit 1 641 unités en 1952, bien qu’il ait un empattement plus court, une longueur totale moindre, et manquait du nouveau carburateur, résultant en une puissance moteur inférieure. Néanmoins, la carrosserie pour la Super était également fournie par Ionia.

AMoteur Fireball huit cylindres en ligne. La plaque rouge touchante sur le bloc informe que “ce moteur est équipé de poussoirs hydrauliques”

La plaque signalétique ne laisse aucun doute sur l’origine de la carrosserie
En 1953, Buick célébra son 50e anniversaire. En guise de “cadeau”, les voitures Buick reçurent un nouveau moteur V8 à la place du moteur en ligne (sauf pour la série Special), ainsi qu’une version décapotable Skylark particulièrement prestigieuse. Néanmoins, les breaks conservèrent leur structure en bois. Ils l’abandonnèrent seulement l’année suivante, adoptant finalement des carrosseries de “break” entièrement métalliques. Il est intéressant de noter qu’Ionia Manufacturing continua à produire ces nouvelles carrosseries pour les voitures Buick jusqu’en 1964.

Les carrosseries en bois nécessitent un entretien très soigné, sinon elles se dessèchent et perdent leur apparence luxueuse. Cette voiture a eu de la chance : ses trois propriétaires l’ont entourée de la plus grande attention et ont réussi à la maintenir pratiquement intacte.
Photo : Sean Dugan, www.hymanltd.com
Ceci est une traduction. Vous pouvez lire l’article original ici : Ионический Buick: Roadmaster Model 1952 года с деревянным кузовом в рассказе Андрея Хрисанфова
Publié Juillet 23, 2025 • 5m à lire